L'histoire :
A Los Angeles, de nos jours, une jeune femme est sur la route pour rejoindre son père qui anime une émission consacrée à son ancien groupe, les Redbone, et leurs membres, sur KCLA radio. Avec son frère Lolly, Pat Vasquez tournait en duo professionnel à Los Angeles depuis 1959. Pat raconte alors son histoire. Alors qu’ils jouent dans un petit dancing, le Peppermint Tree, ils sont approchés par un producteur, Bumps Blackwell, le manager de Sam Cooke et Little Richard. Il leur propose de jouer au Sunset Trip, chez Bill Gazzarri. A partir de 1964, ils vont jouer régulièrement chez lui, avec Mike Kowalski à la batterie, un futur membre des Beach Boys. En 1966, alors qu’ils finalisent leur premier album, les désormais frères Vegas assistent aux premiers pas des Doors, à qui ils conseillent de mettre plus de pêche dans leur musique. Ils font la connaissance de Jimi Hendrix, ex-guitariste de Little Richard, qui se lance dans une carrière solo. Le futur Jimi leur livre qu’il a une grand-mère cherokee et qu’ils devraient essayer de monter un groupe exclusivement d’indiens, qui pourrait s’appeler Redbone…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les Redbone sont un groupe mythique des années 70, avec des succès comme Maggie ou The Witch Queen of New-Orleans. Plus près de nous, Bouygues a fait de leur Come and get your love la musique de leur pub de Noël. Cet album de plus de 150 pages est un roman graphique qui oscille entre documentaire et biographie. Il est d’ailleurs agrémenté de photos, interviews et documents sur le groupe. La narration est un récit enchâssé, avec un repas entre Pat Vegas et sa fille, de nos jours, qui tourne au remuage de souvenirs… C’est alors Pat qui raconte au lecteur son histoire, celle de son frère et de leur groupe de rock 100% amérindien. En marge de la création de l’American Indian Movement en 1968, mais aussi des luttes pour la reconnaissance des droits des noirs, Redbone va porter la parole des native americans, tout en restant un groupe de grande qualité avec toujours des musiciens exceptionnels. On croise une flopée de grands noms, des Doors au grand Bobby Womack, en passant par Jimi Hendrix… Alors qu’ils enchaînent les succès, c’est une protest song qui va précipiter la disparition du groupe. We were all wounded at Wounded Knee raconte l’émeute, en 1973, des indiens Oglalas dans cette petite ville pauvre surexploitée, déjà théâtre, en 1890, du massacre de tribus d’indiens. La chanson, interdite dans tous leurs concerts, n’est pas chartée. Sous pression constante, le groupe éclate, mais les deux frangins ont continué de jouer ensemble. La narration est agréable et vivante. Christian Staebler et Sonia Paolini livrent un récit agréable à lire et bien mis en images par un Thibault Balahy éclectique et inventif. C’est encore une belle réussite pour Steinkis avec un nouvel album intelligent et militant, ce qui ne va pas forcément toujours ensemble. Ah, écoutez Redbone, ils sont trouvables sur toutes les plateformes.