L'histoire :
Dans la région française très fertile de la Beauce, Bella Goldberg vit dans un ancien corps de ferme entouré de champs à perte de vue. Un matin, Clarisse, responsable de la galerie Epicentre, se présente à elle. Le but de cette rencontre est d'exposer des œuvres de Bella dans la galerie. Autour d'un thé, Bella va livrer son histoire. Elle est née à Kiev dans le bloc de l'Ex-URSS, à l'heure de la période antisémite de Staline. Deux ans plus tard, le Vojd décède, provoquant autant de soulagement que de désarroi dans la population de confession juive d'URSS. Réfractaire à l’idéologie communiste dès son plus jeune âge, Bella subit les brimades de ses camarades ainsi que du pouvoir éducatif. Jusqu'au jour où, lors d'une activité scolaire, elle découvre la pâte à modeler. A cet instant elle devient la matière et la matière devient elle. Malheureusement, sa mère ne veut rien entendre. Il est hors de question que sa fille devienne une artiste. Plus grande, elle fait la demande d'autorisation de territoire pour rejoindre Israël, mais le refus de l'administration communiste la place sur la liste des « Refuznik », une personne à qui on a refusé le droit d'émigrer. Elle devient une ennemie du peuple et toutes les portes se ferment à elle. Elle est une paria. Son salut viendra quelques années plus tard, avec une histoire de sac de blé échangé entre les deux plus grandes nations mondiales...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L'histoire de Bella Goldberg est un combat contre les préjugés. Une femme de confession juive qui le revendique dans un pays où le gouvernement fustige cette religion, une femme artiste qui pousse les codes d'une famille profondément ancrée dans les traditions et enfin une femme qui n'accepte pas l'idéologie communiste dans un pays du bloc de l'Ex-URSS. Pour résumé, s'il y a bien une personne qui n'est pas à sa place dans son environnement de vie, c'est bien Bella. Les auteurs Flore Talamon et Renaud Pennelle livrent un récit fort et touchant d'une femme combattante pour ses libertés. Sa liberté de penser, sa liberté de créer et sa liberté de pratiquer sa religion. Outre la vie de Bella Goldberg, l'histoire des Refuznik est méconnue du grand-public. Il faut croire que l'administration communiste ne supportait pas de voir immigrer ses citoyens vers d'autres pays. Devenir Refuznik et par conséquent devenir l'ennemi du peuple fermait de nombreuses portes pour trouver du travail ou un logement. L'idéologie de partage des richesses est semble-t-il rancunière. Au niveau du dessin, le trait est plutôt réaliste, même si le format choisi par l'éditeur semble petit pour apprécier en détail l’univers graphique de l'auteur. Somme toute, un ouvrage intéressant et une fin qui met le doigt sur un problème profond d'identité qui est loin, très loin d'être résolu...