L'histoire :
En mars 1871, de nombreux artistes s'engagent dans la révolution de Paris, qu'ils soient célèbres comme Courbet et Dalou, ou inconnus. Raoul, artiste engagé dans la Garde Nationale pour protéger la capitale des prussiens, refuse l'armistice proposé par Adolphe Thiers. Un choix moral s'impose. Malgré le retrait de leurs bourses, les soldats restent sur place pour protéger la ville. Qu'importe s'il faut manger des rats ou voler le bois où il se trouve. Sur leur temps de pause, autour d'une table, ils caricaturent le pouvoir, confortablement installés à Versailles. Bientôt, les versaillais arrivent pour les déloger. « Je partage votre colère et votre sentiment d'injustice. Mais je ne sais pas si le peuple de Paris peut réussir à vaincre, seul, l'armée française ». Raoul est nommé commissaire du 14ème arrondissement. Il reprend un dossier géré par son prédécesseur. Une femme a été assassinée et quelqu'un a dessiné sur son corps mis a nu. Pendant ce temps, il faut tout de même gérer les affaires courantes : les bagarres entre pochtrons, le vol, l'attaque de chiens... Le 28 mars la Commune est proclamée. Est-ce le début d'une société plus juste et égalitaire ? La guerre civile débute. Les défaites s'accumulent. Toutefois, dans la ville, on essaie de faire évoluer les choses avec l'école gratuite et obligatoire pour tous les enfants, y compris les filles. Raoul est obsédé par ce meurtrier qui tue des gens de façon cruelle, en laissant des mots en japonais. L'enquête avance jusqu'à l'identification du coupable. La semaine sanglante débute et l'hémoglobine de plus de 15 000 français coule sur le pavé. Le 28 mai, « Thiers est maître de Paris. 40 000 parisiennes et parisiens sont emprisonnés en attente de leur jugement ». L'honnête policier est envoyé au bagne, en Nouvelle Calédonie, avec Louise Michèle. Pourra t-il revenir après l'amnistie ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La Commune de Paris a été une période courte mais importante dans l'Histoire de France. En février 1871, les prussiens tiennent le siège de Paris et ils obtiennent l'Alsace-Lorraine. Des hommes restent sur Paris, contre le nouvel ordre établi dans le pays. Un choix qui remet en cause toutes les précédentes règles. Une nouvelle société émerge qui doit être plus juste. Tout le monde devrait avoir du travail et un salaire correct. Ces solutions devraient naturellement aboutir à la réduction de l'alcoolisme, de la violence, de la prostitution... Un vent de révolte souffle aussi du côté des femmes qui décident aussi de se faire entendre et d'agir. Elles aussi sont des membres importants de la société. En marge de bien d'autres séries sur le sujet (du Cri du Peuple de Tardi aux Communardes ! de Lupano, en passant par la trilogie des Damnés de la Commune de Meyssan), l'Histoire nous est ici racontée par le biais d'une lettre que Raoul envoie à sa mère. Ses mots s'intègrent à l'Histoire qui s'écrit. Une façon originale d'aborder ce combat. D'autant plus que le scénario a été fait en collaboration avec Jean-Louis Robert, professeur émérite d'Histoire contemporaine à la Sorbonne, auteur de nombreux ouvrages de référence sur la guerre civile. Carole Trébor écrit quant à elle des histoires pour des documentaires, des romans jeunesses ou des romans adultes. Ce duo complémentaire montre autant la lumière que l'obscurité d'une période où l'on est prêt à mourir pour la liberté. Le joli travail graphique de Nicola Gobbi rend hommage à la vulgarisation historique, où se mêle peuple, penseurs, journalistes et artistes. Son coup de crayon est au cœur de l'émotion, du ressenti, des troubles. Il joue avec sa nuance de rouge pour mettre en avant nos personnages principaux ou l'horreur de la mort. Il nous emporte simplement là où la réalité s'est faite, avec passion et souffrance. Le petit plus repose sur la mise en page au sein de laquelle se glissent des photographies, des gravures d'époque avec des informations précises et véridiques. Cette lecture constitue une formidable remise à niveau sur la Commune de Paris.