L'histoire :
Genève,1948. Sylvia Walter reçoit un exemplaire de The New Yorker envoyé depuis New-York. Elle ouvre la revue et découvre une nouvelle, A perfect day for a bananafish qu'elle dévore d'un trait. Elle se souvient de cet après-midi-là où elle avait lu la nouvelle de Jérôme, où elle avait rencontré sur la plage une petite fille prénommée Sybil et de Seymour Glass, un ancien combattant fatigué. Elle se remémore le temps passé avec Jérôme, quand elle lui lisait des poèmes en allemand. Près de 25 ans plus tard, Sylvie Walter écrit une lettre à Salinger, éblouie par le talent de cet homme avec qui elle entretiendra une passion amoureuse. Hôpital civil de Nuremberg, mai 1945, Jerry (Salinger) est interné pour soigner les syndromes post-traumatiques de la seconde guerre mondiale : migraines, vertiges, insomnies, état d'abattement permanent. Il faut dire que le soldat a participé au débarquement en Normandie, à la bataille des Ardennes et a été un des premiers à entrer dans le camp de concentration de Kaufering IV. Voir des cadavres carbonisés, c'est forcément traumatisant. Mais une lueur vient illuminer cette obscurité : Sylvia Welter, ophtalmologue allemande au passé particulièrement trouble et mystérieux...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
2019 marque les 100 ans de la naissance de J.D. Salinger, l'auteur du fameux L'attrape-cœurs ( en VO The Catcher in the Rye). Publié en 1951, cet ouvrage est un pur chef d'œuvre de la littérature américaine, vendu à plus de 65 millions d'exemplaires dans le monde. L'histoire de Holden Caulfield, un jeune ado new-yorkais en recherche personnelle, a marqué les esprits et a inspiré bon nombre d'écrivains (Frédéric Beigbeder a écrit Oona et Salinger). Traitant de l'adolescente et de ses turpitudes et errances, le livre se singularise par une écriture vive, avec un langage direct et grossier par moment. Or avant d'en être l'auteur, JD Salinger a connu la guerre, porté par le romantisme qui se dessine autour. Une rencontre fortuite va tout changer dans la vie de cet auteur prometteur. Spécialiste de l'écrivain (elle a écrit une chronique hebdomadaire baptisée Simply Salinger pour la radio), Vanessa Grande s'empare de ce pan de vie pour mieux comprendre l'auteur réputé pour sa misanthropie. Son travail est remarquable même s'il faut s'accrocher avec les incessants flashbacks. L'écriture est soyeuse et ciselée. Le dessin comme les couleurs d'Eva Rossetti sont empreints d'élégance, à la mesure de Salinger. Qu'on se le dise, Salinger, avant l'attrape-cœur est un merveilleux roman graphique qui transporte littéralement.