L'histoire :
En mai 1937, Patricia Douglas âgée de 20 ans vient de décrocher un rôle lors d’un casting à Hollywood. Etrangement, elle est mitigée sur cette opportunité, alors que sa mère est ravie. Patricia trouve un peu étrange ce casting, avec 120 filles pour jouer le rôle de cow-girls en petites tenues. Mais bon... Elles sont quand même payées 7,5$ par jour, ce qui est un bon salaire pour l’époque. Le jour J, Patricia a rendez-vous avec les autres filles à l’Hôtel Roosevelt de Los Angeles. Les filles y sont conduites en bus après avoir été maquillées et habillées aux studios de la Metro Goldwyn Mayer. Pendant qu’elles sont en coulisses, Louis Mayer tient tout un discours sur scène, car c’est la convention annuelle des studios de cinéma qu’il préside. Il annonce 14 millions de bénéfices, soit le double de l’année précédente. Puis on amène les filles dans une salle de cabaret, où elles sont mélangées aux invités, tous masculins. En lieu et place d’un rôle devant la caméra, il leur est demandé de servir d’escorts, en somme. Patricia ne boit pas d’alcool et refuse les avances des lourdauds un peu trop insistants pour danser. Mais l’un d’eux la harcèle jusque dans le couloir des vestiaires. Patricia le gifle et s’échappe. Mais il la poursuit. Elle se retrouve finalement coincée par deux hommes dans les toilettes…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’affaire Patricia Douglas contre la MGM, l’un des studios les plus puissants d’Hollywood dans les années folles, a été le premier scandale sexuel de l’histoire du cinéma. Cela s’est passé en 1937, soit 80 ans avant l’affaire Weinstein. Et Halim nous raconte cela en auteur complet, en commençant par le viol en question, puis au travers du procès qui s’est ensuivi, sur 80% de cet ouvrage édité par Steinkis. Le sujet est intéressant, dans le sens où il remet en lumière un scandale avant-gardiste de l’ère post #metoo qui s’est ouverte depuis 2017. Pour autant, le parti pris d’Halim pour le traiter n’est pas des plus avenants. Le dynamisme de son découpage, souvent serré, majoritairement explosé, confine parfois au fourbi… On peine régulièrement à suivre, à comprendre en détail ce qui se trame. D’autant plus que son trait de dessin se contente d’un rough semi-réaliste, une griffe encrée un peu brute complétée d’un monochrome d’aplats ocre-gris. A priori, la défense de l’avocat de Patricia Douglas était suffisamment subtile pour mettre en déroute la corruption des témoins et la campagne de diffamation mise en place par la MGM. Mais le traitement séquentiel peine vraiment à partager cet axe, comme si la gestion de la distance avec les personnages, avec leur expressivité, leurs états psychologiques, était volontaire. Comme si le sujet était trop lourd pour être abordé simplement et frontalement. Notamment, on ne comprend pas l’issu du procès (il sera classé « sans suite » !). Dommage.