L'histoire :
À la mort de sa grand-mère, son grand-père parti en maison de retraite, Jérémie s’aventure dans leur appartement vide. Les souvenirs affluent. Ses grands-parents sont nés à Alexandrie en 1928 et ont été expulsés à la création de l’Etat d’Israël en 1948. Aux questions que Jérémie, jeune, leur posait sur leur enfance ou sur la Shoah, ses grands-parents ne répondaient jamais, préférant évoquer le positif et l’avenir. Parisiens d’adoption, ils voulaient montrer à leurs petits-enfants les beautés de la patrie qu’ils avaient désirée. En fouillant l’appartement sur les consignes de son grand-père, Jérémie trouve une pleine valise de photos de l’époque d’Alexandrie, qui lui rappellent la seule discussion qu’il a eue avec son grand-père sur leur enfance, juste avant de partir en maison de retraite. Ces informations lui donnent envie de partir sur les traces de ses grands-parents, à Alexandrie. Sa mère se propose, contre toute attente, pour l’accompagner…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Sept ans après Nous n’irons pas voir Auschwitz, Jérémie Dres se replonge dans son histoire familiale. Il raconte ainsi l’histoire de ses grands-parents juifs, nés dans un pays musulman. C’est une histoire étonnante, mais pas si vieille, d’un monde arabe cosmopolite, ouvert et fraternel. L’auteur livre une enquête historique très fouillée, et son histoire personnelle permet d’y ajouter une part intimiste, mais aussi, grâce à sa capacité d’autodérision, une bonne dose de sourires. Son duo avec sa mère, qu’il veut comparer dès le début avec celui entre Sean Connery et Harrison Ford dans Indiana Jones et la dernière croisade, fait naître des étincelles joliment jouissives pour le lecteur. Ce long roman graphique est agréable à lire, notamment grâce à la place centrale donnée à la narration. Le trait est d’une grande simplicité et la bichromie changeante selon les époques crée une sorte de proximité avec le lecteur. Même si Dres lui-même arrive à prendre un peu de distance, on ressort de cette lecture assez désenchanté devant la capacité des hommes à détruire ce qui semble pourtant le plus important : la fraternité, la différence… Ça reste un bel instant d’humanité.