L'histoire :
Après quelques années de rêve à New-York, Karim arrive en 2015 à Addis-Abeba, capitale en pleine mutation d’un pays qui a longtemps souffert de famines et de guerres civiles. Il est accueilli par sa femme, Niki, qui a emménagé quelques semaines plus tôt avec leur fille. Il découvre une ville fourmillante, où l’air est rare à cause de l’altitude (près de 2400m) et de la pollution. Le nombre de chantiers est impressionnant. Kiki travaille désormais pour l’ambassade britannique. Leur maison, dans un quartier résidentiel, est gardée par six hommes armés. Il découvre les nuits agitées, rythmées par le bruit de la musique, les ruptures de courant et le ronflement des groupes électrogènes. Vincent Defait, un collègue journaliste, lui fait découvrir la ville, où les chinois et leurs yens sont omniprésents, ainsi que la cérémonie du café. Puis il l’invite, avec Niki, à un dîner typique qu’il réalise lui-même. Au bout de trois ans en Ethiopie, il est capable de parler la langue des locaux, l’amharique.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cinq ans après Une saison à l’ONU, Karim Lebhour revient avec un récit à deux voix, cette fois. Il est en effet accompagné par son collègue Vincent Defait, journaliste indépendant qui a passé six ans en Ethiopie et qui a facilité l’intégration de Karim. Les deux journalistes nous emmènent à la découverte d’un immense pays, muselé par un régime autoritaire. Les tensions ethniques sont exacerbées, les émeutes et les lynchages sont souvent passés sous silence par des autorités interventionnistes. On découvre certaines spécialités culinaires, des lieux et des mœurs locaux. On suit avec eux les lourdeurs administratives, les difficultés qu’ils rencontrent à faire leur travail, mais aussi les petits plaisirs de la vie qu’ils conservent. Le propos est clair, le ton est léger mais pas désintéressé. Lebhour et Défait livrent un récit très agréable à lire malgré un sujet difficile. La ligne claire de Léo Trinidad n’y est pas étrangère. Facile à lire et à suivre dans une monochromie à l’aquarelle rehaussée çà et là de quelques rares couleurs, les dessins apportent une simplicité et une proximité qui nous rendent les protagonistes attachants. C’est une nouvelle réussite pour Karim Lebhour, dans un exercice qui n’est pas facile.
