L'histoire :
Mardi 1er septembre : c’est une rentrée un peu particulière pour les écoles. En effet, les élèves et les professeurs vont de nouveau être « en présentiel ». Pour autant, le virus est toujours là et l’inquiétude est de mise. A la pré-rentrée, les professeurs ont tous des masques. Au collège Le Bois d’Aulne, on fait comme tout le monde : gel à l’entrée, interdiction d’enlever le masque. Samuel Paty arrive un peu en retard avec son casque vissé sur la tête. Il écoute du Police car il adore le rock. Les professeurs discutent de leurs vacances, de cette rentrée particulière et de la peur de se faire contaminer. Audrey Fouillard, principale du collège, se présente. Elle demande à chacun des enseignants de se présenter également. On fait le tour rapidement et quand Samuel prend la parole, il n’hésite pas à faire dans l’original. Il affirme adorer les discussions philosophiques et le ping-pong et il invite tous ceux qui veulent à l’affronter pendant les récréations ou un temps libre. Tout le monde rit. C’était ça, Samuel Paty. Un homme un peu à part, passionné par les débats et les discussions en tout genre. C’était aussi un excellent professeur d’Histoire, qui n’hésitait pas à soigner son approche de chacun des thèmes abordés en cours. Notamment celui, délicat, des religions…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Nous avons tous en tête l’histoire de Samuel Paty, un terrible attentat qui résonne en nous aussi fort que celui de Charlie Hebdo. Car c’est une nouvelle institution républicaine qui est attaquée et c’est un nouveau coup terrible à la liberté d’expression qui a été porté ce jour-là. Crayon noir raconte toutes les circonstances qui ont amené à ce drame terrifiant, à commencer par les fameux cours d’Histoire de Samuel et sa façon d’aborder la liberté d’expression. On rentre au départ de façon très précise dans le quotidien banal d’un enseignant d’Histoire-géographie dont la vie bascule à partir de ce fameux cours où il a montré des caricatures de Mahomet. Valérie Igounet raconte avec beaucoup de détails tout ce qui s’est véritablement passé et parvient à diversifier son récit en variant les supports : de nombreux témoignages, une narration classique, des extraits de discussions ou de messages… L’analyse sur l’Histoire actuelle et le problème Daesh est également remarquable d’exhaustivité. Igounet maîtrise parfaitement son sujet. De sorte qu’on pourra avoir une vue totale et objective sur cette tragédie malheureuse, mais aussi sur Samuel Paty, loin du démon ou du héros qu’on a voulu dépeindre. C’est un véritable travail documentaire qui est proposé avec une abondance de textes et une recherche scrupuleuse de la vérité. Cette même vérité qui aurait sauvé la vie de Samuel Paty si une jeune élève avait été présente à son cours, si elle n’avait pas menti à son père et si son père n’avait pas enclenché la machinerie virtuelle des réseaux sociaux. Paty a été victime d’un faisceau de circonstances atroces : mensonge d’une collégienne, barbarie de l’islam radical, personnage maléfique fiché S, utilisation incontrôlée des réseaux sociaux. Ce cocktail explosif a abouti aux événements que l’on connaît. Pour rajouter à la terrible malchance de Paty, l’assassin a profité du dernier jour avant les vacances, le seul jour où un collègue n’a pas pu le ramener… Un sujet lourd et mortifère, raconté avec une justesse et un recul rares, d’autant plus admirable que les événements sont récents. Guy le Besnerais dessine de façon classique ce récit, mais le ton neutre et sobre permet encore plus de recul sur ce sujet sensible. Les dernières pages décrivent ce qui s’est passé après l’attentat et terminent sur une touche un peu plus positive, avec le prix Samuel Paty et une jeune génération sensibilisée à toutes les bêtises et la violence qui ont conduit à assassiner un innocent.
