L'histoire :
Les paraphilies, fantasmes ou attirances intenses qui se tournent vers d’autres objets de désirs, sont un sujet qu’aime explorer Raul Caceres. Il avait déjà commencé à faire une longue liste de ces attractions sulfureuses et parfois interdites dans l’œuvre Justine et Juliette de Sade, hommage direct au marquis de Sade. Désormais, dans cet art book, il mêle mythe précolombien et sexe préorgasmique ! « Doradas » : à travers ce mot, c’est l’éclatement lumineux de la sexualité qui se dévoile. « Dorées » pour l’or qui a tant attiré les conquistadors et dont aimaient se parer les grands chefs indiens d’Amérique Latine. Mais aussi le secret goût de l’urine, magnifique don de la femme qu’on aime, extase pour les yeux de voir son sexe se soulever et faire sortir le breuvage divin. Ce Nouveau Monde vous est dévoilé et vos yeux vont pouvoir piller avec avidité ce déluge de corps et d’orgasmes furieux. Que s’ouvre le temple de la sexualité décomplexée et qu’on offre en sacrifice la vertu et la morale dévoyées. Que son sang purifie l’acte paraphile qui vous amènera à des contrées insoupçonnées et des plaisirs jamais égalés…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Celui qui n’a jamais vu ou lu un album de Raulo Caceres risque d’avoir un choc ! L’artiste espagnol a un style bien à lui, violemment pornographique, avec un noir et blanc saisissant. Il est donc logique de produire plusieurs artbooks tant son style est singulier et unique. Ce deuxième artbook se contente de répertorier plusieurs de ses créations par thématiques : les pirates, les Incas, les Muses, les commandes pour d’autres œuvres, les clins d’œil à d’autres univers de fiction... A la fin du volume, on présente de façon originale les photos de modèles qui ont inspiré les dessins de Caceres. Peu de textes, donc, à part une petite introduction de l’artiste (même le titre est décevant). Mais son art se suffit à lui-même, bien plus parlant que n’importe quel récit. En effet, chacune de ses productions raconte une scène complexe. On admire pendant longtemps la multitude de détails et de scènes insolites qui se cachent un peu partout. Chaque œuvre est un modèle de composition narrative. Sans compter le trait prodigieux de l’artiste : que ce soit à travers les détails de l’armure des guerriers du chaos, les giclées de sang ou autres liquides intimes, les muscles saillants des hommes dénudés, les organes putrides et infects des morts, la fragilité du corps féminine ou l’horreur des organes qui pendent, Caceres dessine tout à la perfection avec un jeu complexe de clairs-obscurs. Vous verrez des scènes mémorables et marquantes : une chasseuse de vampires piégée par des vampires assoiffées de sexe, un sacrifice inca très particulier, une orgie sexuelle avec un chameau, un gang bang avec des anges ! L’audace est si forte que cet album ne peut être placé devant tous les yeux. Pourtant, Caceres a l’art de sublimer des actes de torture, d’urophilie ou le mauvais goût, et de les rendre attractifs. Avec une furie graphique qui donne le tourbillon, le laid se change en beau, l’interdit en séduisant et la mort en amour. Lautreamont n’aurait pas fait mieux/ pire !