L'histoire :
Après diverses traques et coups fourrés, le prince Philippe a réduit en esclavage et en captivité sa promise, la princesse brune Blanche Neige ; mais aussi la belle-mère de cette dernière, la reine rousse Grimilde ; mais encore Raiponce, une jeune princesse à la chevelure blonde incroyablement longue. Dès lors, il fait rimer perversité, voyeurisme et dépravation : il oblige Blanche Neige et Grimilde à s’adonner à des jeux lesbiens, sous la menace de faire souffrir Raiponce, retenue prisonnière dans un cabanon à l’extérieur du château. Il les reluque, il en profite aussi pour les butiner à tour de rôle et pour faire varier les différentes combinaisons possibles à trois. Epuisé par cette séance, il s’endort comme une souche. Blanche Neige et Grimilde profitent de ce sommeil pour s’évader. Primo, elles regardent dans le miroir magique où est enfermée Raiponce. Deuxio, elles envoient deux servantes porter un message aux nains pour leur expliquer la situation (pour le moins complexe) et réclamer leur aide. Tertio, elles filent sauver Raiponce. Mais en cours de route, Blanche Neige et la reine ne peuvent s’empêcher de se chamailler, assez violemment – elles restent de vieilles ennemies. Après l’avoir frappée et griffée, la reine fait goûter à Blanche neige ses tétons empoisonnés. La princesse s’écroule aussitôt, plongée dans un coma réputé irrémédiable…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans le registre érotique, il est coutume de se confronter à des scénarios ineptes, souvent juste des prétextes pour enchainer les situations friponnes dans la longueur. Et bien cette relecture coquine de deux contes des frères Grimm imbriqués – Blanche Neige et Raiponce – aura échappé à cette règle tout du long de la trilogie. Scénariste et dessinateur, l’italien Trif aura réussi son coup. Pour intention de départ, il dépoussière sans scrupule lesdits contes, leur accordant une fraîcheur inédite. Le prisme érotique demeure l’intention première mais il ne plombe pas trop le rythme du scénario par de trop longues scènes de sexe. Selon une intrigue friponne fun, équilibrée et fluide, étayée sur des fantasmes parfaitement efficients, il continue aussi d’insuffler pas mal d’humour. Par exemple, ce n’est pas en croquant dans une pomme que Blanche Neige tombe empoisonnée, mais en suçant les tétons ensorcelés de sa belle-mère. Enfin, puisqu’il faut que tout soit bien qui finisse bien, donc que les gentilles princesses Blanche Neige et Raiponce vivent heureuses en compagnie d’un prince à peu près convenable, Trif éclaircit la situation de manière cohérente et aboutie, en une pirouette prévue de longue date. Car évidemment, ce n’est pas anodin que Simplet soit un « nain géant » un peu retardé… Sous les crayons pas voyeurs mais explicites de l’auteur, les personnages féminins aux courbes et postures plus gracieuses qu’obscènes sont également très attachantes. Dis, tonton Trif, tu veux bien nous imaginer un autre conte pour adultes sages ?