L'histoire :
Le temps de quelques vacances, la jeune et jolie paysanne Mirabelle quitte sa famille pour rejoindre un oncle à la ville. Hélas, des bandits de grand chemin l’intercepte et manquent de la violer… Elle ne doit son salut qu’à l’intervention d’une créature effrayante, qui s’avère être un prince pâtissant d’un sortilège et vivant seul en ermite dans un immense château isolé. Cette « bête » invite Mirabelle chez lui et s’avère un protecteur respectueux. Malgré son hideuse apparence, Mirabelle s’attache à lui et elle pénètre chaque nuit dans sa chambre pour le voir dormir… Car lorsqu’il dort, le prince recouvre son apparence humaine ! Or il est plutôt beau gosse. La belle découvre que son corps est mu par des pulsions sexuelles, qu’elle satisfait en solitaire. Les semaines passent ainsi : le jour, elle jouit d’une grande liberté au sein d’un grand et élégant château que nul ne vient jamais visiter ; et la nuit, elle observe son prince dormir, sous toutes les coutures, tout en fantasmant. Mais le temps est compté pour le prince : le sortilège est sur le point d’arriver au terme des 10 années que la fée qui lui a lancé lui a imposé. Si à cette issue, il n’a pas recouvré la confiance pleine et entière d’une jeune femme, il restera à jamais bloqué dans son corps de bête…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La belle et la bête est ce qu’on appelle un « conte-type », c’est-à-dire qu’il n’a ni auteur, ni récit fixe et coulé dans le marbre, qu’il se décline depuis des siècles sous diverses versions et via diverses cultures. Pour le bonheur des fans d’érotisme, l’auteur italien Trif en termine ici une relecture charnelle et sensuelle, très loin des débauches pornographiques dont sont habitués les plus hardcores des lecteurs. Sa transposition demeure cela dit assez proche du conte-type, et totalement dénuée de l’humour que Trif avait précédemment insufflé à sa Cendrillon. Nous voici donc en compagnie d’une jeune et gracieuse blonde, aussi sexy qu’innocente, qui découvre son corps à mesure qu’elle s’éprend du prince – qu’elle regarde dormir la nuit, la coquine (mais non, Mirabelle, ça n’est pas sale !). Et le jeu de l’attirance-rejet (oh oui, oh non), constitutif de nombreuses relations, fait génialement sens avec les fondamentaux de ce conte. Ainsi, il est forcément question de rédemption, de confiance primordiale, d’amour bestial, mais aussi de l’amour véritable (et-pas-que-sur-les-apparences). Une variante se stigmatise ici à un tatouage de rose, qui grandit ou rapetisse sur le corps de la belle, à mesure de son rapprochement/éloignement avec la bête. Les âmes sensibles à l’horreur de la zoophilie peuvent aussi se rassurer : les scènes érotiques se limitent à voir gambader Mirabelle à poils à longueur d’album. Ce qui est loin d’être désagréable, notamment parce que la griffe artistique de Trif est exemplaire dans son domaine, et que ses séquences sont impeccablement découpées. Et comme tous les contes de fée, tout est bien qui finit bien. Or vu comment ils vivent heureux, ils auront certainement de nombreuses bébêtes…