L'histoire :
A 18 ans, la jolie Mirabelle habite encore avec sa mère et ses deux chenapans de frères (jumeaux) dans un petit village. Elle ne l’a jamais quitté et elle est assurément la plus mignonne de toutes les filles du patelin. Aussi, lorsqu’un courrier de son oncle Albert lui propose de passer l’été à la ville, ses yeux s’illuminent. Quelques semaines plus tard, Albert est bien au rendez-vous. Il l’emmène à l’arrière de sa charrette, dans laquelle Mirabelle finit par s’endormir. Elle se réveille en sursaut parce que des brigands les dépouillent. Sans scrupule, ils poignardent Albert et ordonnent à Mirabelle de se dévêtir. Ils lui conseillent de se laisser faire lors du viol en groupe qui va s’ensuivre… mais un peu plus loin du chemin, bien profondément dans la forêt. Mirabelle doit ainsi marcher nue pendant plus d’une heure, humiliée et terrorisée. Ils s’arrêtent dans une clairière et s’apprêtent à passer à l’acte, lorsqu’un individu caché sous une large cape rouge à capuche sort du bois et leur demande d’une voix caverneuse de la laisser tranquille. Mirabelle entend un bref combat, puis la fuite de ses agresseurs. Quand elle se retourne, l’individu s’éloigne sans un mot. Seule et perdue, elle décide de suivre sons sauveur. Mais celui-ci traverse très vite la forêt, jusqu’à un splendide château bordant un lac.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après Cendrillon et Blanche-Neige (plus Raiponce en bonus dans ce dernier), c’est au tour du conte La belle et la bête de bénéficier d’une sympathique relecture friponne. L’italien Trif se place donc clairement dans les pas de Walt Disney, mais en pensant aux enfants qui sont devenus adultes – ou du moins aux lecteurs au minimum âgés de 16 ans. Car cette relecture érotique reste soft et raffinée, a contrario de bien d’autres albums estampillés Tabou (pour satisfaire au jeu de mot que tout le monde attend, ce n’est pas franchement « La belle et la bite »…). Très libre, l’adaptation ne respecte pas la trame la plus connue, ni même celle de Disney – et tant mieux : cela permet au lecteur d’être surpris par un classique. Ainsi, par exemple, Belle se prénomme Mirabelle... et sa rencontre avec la bête se fait dans des conditions particulièrement sordides. En revanche, le fond moral est intact – le vrai bel amour est celui qu’on porte pour la beauté intérieure. Le dessin réaliste de Trif, toujours très agréablement enluminé par la colorisation d’Andréa Celestini, reste d’une grande justesse. L’artiste est aussi efficace pour mettre en scène de somptueux panoramas campagnards, qu’une bête à la fois monstrueuse mais au regard de braise, ou qu’une ultime scène d’onanisme féminin qui fait honneur au genre. Un seul regret : l’humour, qui faisait tout le sel de Blanche Neige, a totalement disparu. Un second tome est à venir, qui permettra sans doute de clore l’histoire. Et après, Trif adaptera peut-être Pine-occhio, Biteur Pan, La belle aux doigts dormants… ?