L'histoire :
Le comte de Schimpfreich est très amoureux de la belle Eulalie, d’autant que les deux familles s’apprécient. L’amour est partagé et les deux amants s’apprêtent à se marier. Lors d’une belle après midi ensoleillée, le comte se montre plus entreprenant et Eulalie accepte de s’adonner aux plaisirs. Cependant, elle se refuse à lui les jours suivants, écrivant une lettre à son fiancé pour lui expliquer qu’elle se donnera vraiment à lui le jour de son mariage. Pourtant, le comte ne comprend pas ce refus et pense que sa future femme n’a pas de désirs pour lui. Une belle femme, comtesse douairière, arrive au château et embrase l’imagination du comte éconduit. Celui-ci ne résiste pas longtemps aux charmes de la belle, mais leur relation est très vite découverte par Eulalie. Celle-ci tombe malade et raconte tout à son frère. Pour laver l’honneur de sa sœur, il lance un duel au comte. Les deux hommes se blessent pendant le combat. Remis de ses blessures, le comte est alors chassé par son propre père, déçu de l’attitude de son fils. Le comte erre de voyages en voyages, malheureux et se sentant coupable de tout ce qui lui arrive. D’humeur sombre, il n’a plus goût à la vie. Jusqu'au jour où il se rend à un club très particulier où le plaisir est roi : les Aphrodites !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Emmanuel Murzeau continue son adaptation des œuvres libertines de l’écrivain André-Robert Andréa de Nerciat. Changement d’époque, puisque nous voici plongés dans le siècle de la Régence, bien connu pour ses mœurs libres et libertines après l’austère règne de Louis XIV. Même si le scénario est assez classique dans ce genre d’histoire – une femme découvre les joies du plaisir après une souffrance amoureuse – le traitement est beaucoup plus original. En effet, c’est un style fleuri et très travaillé qui décrit les plaisirs les plus variés et acrobatiques de ce club coquin. La plume de Murzeau est très fine et délicieuse, tandis que ses personnages trempent la leur de façon moins subtile mais pour autant de plaisirs. Imitant les belles manières de l’époque et le langage des nobles, il est amusant de constater le décalage entre un style extrêmement raffiné et des scènes très crues. Ce contraste a même quelque chose d’excitant : le raffinement du verbe et le froufrou des dentelles d’une époque désuète donnent beaucoup de charme et d’érotisme à l’ensemble. Que dire également des noms des personnages ? Le prêtre lubrique s’appelle Bandard, sans compter la dame Durut ou le coquin Foutencour et la plantureuse Cognefort… L’intelligence des textes ne s’adresse donc pas à tout le monde, d’autant que les paroles abondent (comme le reste d’ailleurs !). Le dessin plein de finesse et aux couleurs monochromes délicates est aussi une superbe représentation de ce style d’œuvre libertine. Pourtant, les scènes sont loin d’être prudes ou pudibondes ; et si le texte est très imagé, les images elles sont plus qu’explicites. Eulalie collectionne pas moins de 4000 prétendants et elle a vraiment le diable au corps, personne n’ayant réussi à satisfaire les appétits voraces de la belle qui aime prendre du bon temps. On a même une critique sociale acerbe et extrêmement corrosive puisqu’Eulalie tente d’être exorcisée par de nombreux prêtres et moinillons qui n’ont d’autres solutions que de se soumettre à ses pulsions : Satan… l’habite ! En résumé : amusez-vous, libérez vos pulsions, essayez toutes les expériences, mais faites l’amour dans le raffinement et le bon goût, que diantre !
