L'histoire :
Dans la petite bourgade de Black City, perdue dans le désert de l’Arizona, Jodie, Eloïse et Enna étaient trois putes réputées à la fois pour leur beauté et leurs habitudes vicieuses. Jusqu’au jour où une partouze en compagnie de militaires a très mal tourné : Enna a été énucléée d’un œil, Eloïse a été égorgée d’un tesson de bouteille et Jodie a eu la chevelure enflammée. Elles ont été laissées pour mortes, mais elles ont survécu, ensembles, un désir de vengeance chevillé au corps. Leur quête de justice a déjà fait deux victimes, deux joueurs de poker qu’elles ont saignés, flingués et immolés. Aujourd’hui, elles ont retrouvé « Long John », dont le surnom trouve ses origines dans les proportions hors normes de son engin. Désormais muette en raison de ses cordes vocales sectionnées, Jodie est en première ligne pour tuer Long John : c’est lui qui l’a violée et égorgée. Elle débarque dans la maisonnette isolée où il s’est retranché, en fracassant la fenêtre. Et lui donne un premier coup de couteau dans l’épaule pour le désarmer. Aussitôt Long John entre en érection. Au terme d’un violent combat au corps à corps, Eloïse parvient à l’assommer. Puis avant de l’achever, elle lit le cahier qu’il était occupé à écrire, et dans lequel il consigne sa tumultueuse jeunesse…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans le porno, il est banal de tirer un coup. Dans le western, il est plus courant de tirer six coups. Pour le mariage de ces deux genres, à l’occasion de cette trilogie BD, les auteurs ont imaginé un juste milieu de trinôme… qui tirera néanmoins tout plein de coups. Au scénario, Marco Rastrelli met en effet en scène trois putes aussi vicieuses que vengeresses, car leurs beautés de jadis ont été gâchées par de vils soudards. Les anges sont devenus des bêtes ; or des bêtes, ça mord. Ce tome deux reprend la chasse à l’homme là où les putes l’avaient laissée. Leur première victime, Long John, donnera lieu à un long flashback biographique qui occupe les deux tiers de l’opus. Si elle s’avère secondaire, cette parenthèse permet de nombreuses scènes de sexe moins violentes que ce qu’exigent les enjeux hargneux de fond. Dans le dernier tiers, nos putains mettent le cap vers le chef des violeurs, le gros et « pénectomié » lieutenant Chadwick (il n’a plus de sexe). Ce sera plutôt lui qui les trouvera et elles découvriront alors que l’enfer a des strates encore plus immondes que celles qu’elles ont déjà traversées. Mais cela fera surtout l’objet du troisième opus à venir. Leur quête de vengeance s’accompagne évidemment de scènes de cul torrides (on est chez Tabou, tout de même !) et violentes. Toutefois, cette violence sexuelle n’est jamais gratuite : elle accompagne un vrai scénario, ce qui n’est pas si courant dans le registre. Le dessin de Lorenzo Nuti a en revanche tendance à se déliter. Si son trait jeté et ultra dynamique accompagne plutôt bien le propos hargneux de fond, son style torturé et sa colorisation tout aussi spontanée et monochrome, peinent parfois à rendre le cadre immédiatement lisible, tant la réalisation nécessite d’être impulsive… et cela est déjà plus fâcheux. Mais on ergote, car dans l’ensemble, ce western crasseux, sauvage et vicieux reste l’une des séries les plus abouties du catalogue Tabou.