L'histoire :
Sama et Lise, deux jeunes femmes lesbiennes, font l’amour dans un parc public désert, à l’écart de la ville. Mais Lise arrête Sama au beau milieu d’un cunnilingus. Elle en a assez que Sama ne lui dise jamais rien d’autre que « j’ai envie de toi ». Elle attend autre chose, sans doute plus d’échanges et d’écoute, d’une relation amoureuse. Sama se retrouve plaquée… pour la 20ème fois. Sama a le sentiment de passer sa vie à ne faire que ça : déprimer, se relever, se remettre en couple, pour rapidement se faire plaquer. Parfois, elle aurait même envie d’en finir avec la vie. Alors elle provoque le destin en trainant tard le soir dans les quartiers chauds de la ville… et manque de peu d’être agressée par un motard. Le lendemain, elle prend une décision radicale : elle va changer de coupe de cheveux. Adieux les longs cheveux blonds, bonjour la teinture châtain et les bouclettes ! Or à peine est-elle entrée dans le salon de coiffure, qu’en un regard, elle tombe amoureuse de la coiffeuse. Et ce sentiment a tout l’air d’être réciproque ! Durant le soin des cheveux, Sama s’imagine dans les bras et entre les seins de la dénommée Fadira... Elle en repart après lui avoir laissé son adresse… pour la carte de fidélité, bien entendu. Le lendemain matin, un livreur apporte à Sama un bouquet de fleurs envoyées par Fadira. Mais à ce moment là, Sama est surtout troublée par le regard du livreur ! Que lui arrive-t-il ? Ne serait-elle finalement pas homo à 100% ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C’est l’histoire d’une fille qui aime les filles… jusqu’à ce qu’elle soit troublée par un homme. Un classique du genre érotique, pensez-vous ? Certes… mais la scénariste Katia Even, multirécidiviste dans le registre, ne s’arrête pas à l’usuelle bluette ponctuée de scènes friponnes. Il y a effectivement des séquences de masturbation et de galipettes lesbiennes, pour satisfaire aux passages obligés du genre. Mais cela reste tout de même très contenu, avec zéro pénétration : surtout de tendres enlacements. Au-delà, Katia Even pose surtout la question de la détermination sexuelle. Qu’est-ce qui fait qu’on est attiré plutôt par un homme ou une femme ? D’ailleurs, peut-on être attiré par les deux, et donc être fondamentalement bisexuel(le) ? Là où le bât blesse, c’est que la scénariste se perd un peu dans ses intentions. En effet, le titre Narcisse cerne on ne peut plus clairement la question du narcissisme ; et Sama cherche en effet initialement à « devenir » ses conquêtes (l’effet miroir), plutôt que de combler les attentes de ses partenaires. Mais ce propos se retrouve finalement enseveli par celui de l’orientation sexuelle, avec une dernière case un peu déroutante. Ce one-shot permet cependant de voir pour la première fois à l’œuvre une dessinatrice formée au sein du Gottferdom studio, Sokie. Malgré quelques inévitables erreurs (de jeunesse) – proportions / perspectives douteuses, passages moins soignés / aboutis – sa griffe semi-réaliste douce et appréciable mérite d’être encouragée. Ce one-shot ne met en scène que des femmes et que des plaisirs de femmes… mais il peut être apprécié par les hommes (qui sont nombreux à apprécier les plaisirs de femmes…).