L'histoire :
C’était il y a quelques années déjà. Alors qu’il subissait les coups de fouet, sa rage l’aidait à tenir et à rester en vie. Mancus est venu le défier, l’épée à la main. Lui, toujours attaché, semblait comme éteint. Au loin, les Romains regardaient la scène. Il ne faut pas se fier aux apparences : le gaulois Cleio a de la ressource et il ne s’avouera pas vaincu aussi facilement. Il accepte donc de combattre Mancus. Mais épuisé, il tombe rapidement, il est battu. Cependant, il semble prêt pour entrer au ludus du laniste Aulo Suettio Certo. Arrivé dans la cour, Cleio se fait encore remarquer. Pour le calmer, Mancus lui donne un coup de poing au visage. Il est persuadé que le jeune gaulois fera un excellent Thrace, vu sa musculature et son tempérament de feu. Il lui donne donc une sica, cette fameuse arme courte à la lame recourbée. Cleio veut une épée digne de son courage et aussi droite que son sexe. L’assemblée rit et il lui montre à quel point une sica peut être utile. Il est désormais prêt à s’entraîner pour un jour espérer devenir un gladiateur et fouler les terres de l’arène…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La série Thrace nous avait déjà fait forte impression dans un premier tome prenant et captivant. L’histoire croisée de Cleio et d’Adriana continue dans ce tome 2, avec une suite encore plus forte. Trif exploite à merveille l’imaginaire de l’Antiquité romaine avec de nombreuses références pointues latines et parfois les stéréotypes que l’on possède dans ce domaine. Ainsi, les manipulations entre grands de Rome sont « légion » et beaucoup de personnages sont d’une cruauté sans nom. Évidemment, on retrouve le dangereux Quintus, mais sa malveillance est finalement peu de choses comparée à l’art de la manipulation d’Auguste Domitien ou de sa femme Lavinia. Des intrigues passionnantes s’entremêlent et les passions sont poussées à leur paroxysme, comme une tragédie de Racine. L’amour côtoie la mort de l’arène, le désir se mêle à la violence. A mi-chemin entre les turpitudes de la série Rome et la fureur de Spartacus, la série devient de plus en plus intense, quasi irrespirable. Trif n’hésite pas, en plus, à faire évoluer ses personnages qui sont obligés de changer face au monde romain impitoyable. La noirceur du récit tranche avec un dessin d’une finesse et d’une élégance rares, bien servi par des couleurs chatoyantes. Les protagonistes sont tout simplement sublimes avec des identités fortes et les combats de gladiateurs sont spectaculaires et provoquent une sorte de stress à la lecture. C’est sûrement d'ailleurs l’une des œuvres les moins pornos de l'éditeur. Le sexe sert au contraire de dénonciation d’une société esclavagiste sans pitié. Une grande œuvre... ad vitam eternam.
