L'histoire :
Dans sa bicoque insalubre, au milieu d’un terrain vague à l’écart de la ville, la femme-singe Tammy reçoit son amant, l’homme-singe Ned. Lui n’en peux plus, il est excité comme jamais. Il l’embrasse, la pelote de partout… Elle joue avec sa bouche et une cerise… Finalement, il l’attrape et la pénètre sur la table de la cuisine. Les deux amants poursuivent dans le lit, de plus en plus excités, de plus en plus animaux et suintants de transpiration. A mesure que la nuit tombe et que les ébats s’intensifient, les lucioles « s’allument » et accordent un moment de poésie en contrepied au lieu décrépi. Plus tard ou plus tôt, peu importe, Ted évoque ses sentiments dévorants, aveuglants pour elle. Il est comme fou et toute son âme tend vers l’acte d’amour perpétuel à son égard. Mais arrive l’heure de se quitter. Ned doit rentrer chez lui, retrouver sa femme, ses enfants… Tammy culpabilise, même si elle se sent profondément heureuse des mots doux et néanmoins puissants qu’elle a suscités chez son amant. La passion l’animera encore au prochain rendez-vous…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C’est une histoire d’amour comme il en existe sans doute des centaines de milliers, chaque année, à travers le monde. Un homme marié vit une passion dévorante avec une autre femme que la sienne, au point de mettre en péril son cocon familial. Ils s’aiment, ils baisent comme des fous, et puis un soupçon de lucidité sur le devenir de cette relation conduit la femme à rompre – dans la violence, face au refus de l’homme. C’en serait presque un poncif insipide… s’il n’était traité de cette curieuse et intéressante manière. Car en effet, ici, les protagonistes sont des hommes-singes, qui se substituent à l’Homme dans sa civilisation. Pieds en forme de mains, mâchoires protubérantes, forte pilosité, traits et courbes disgracieux… tout le contraire du culte du corps (façon XXIe siècle occidental) auquel le registre érotique a d’ordinaire recours. Ici encore, le cadre des réjouissances de cette idylle sont des lieux insalubres, avec des mouches, des poubelles pas sorties, de la crasse sur le sol et les murs… Est-ce une manière pour l’auteur, Andrea Camic de relativiser l’amour et l’acte ? De nous rappeler frontalement que l’homme est avant tout animal, d’autant plus basique et bestial quand il laisse dériver ses pulsions ? Oubliez les dialogues ou l’histoire, ils sont effectivement convenus ; retenez plutôt le parti-pris du traitement qui a quelque chose de génial, en plus de prouver le grand talent artistique de l’auteur : le dessin réaliste est particulièrement appliqué et s’imbrique au sein d’un découpage et d’un rythme choisis. Cette BD pornographique interpelle et se place dans un registre à part, franchement pas courant : celui qui fait réfléchir plus qu’il n’excite, en dépit de scènes très explicites…