L'histoire :
Javier, Marc, Assia et Judith sont quatre trentenaires qui ont vécu un Road Trip ensemble dans l'ouest des Etats unis. Javier et Marc jouent dans le groupe rock The Skip Tracers, avec un petit début de succès. Faustine, amie d'Assia, devient celle de Javier, qui laisse petit à petit tomber la voie de la musique, par amour. Mais ça, c'était avant. Avant que la vie de saltimbanque de Javier mine Faustine et que leur relation soit anéantie après qu'elle ait dû subir une fausse couche. Chacun rentre dans la vie active, essayant tant bien que mal de se construire un avenir. Marc, tiraillé entre son job de second de cuisine et son désir de reprendre la musique voit graviter ses amis autour de lui, dans un ballet de passions inassouvies, de destins brisés...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pierre Jeanneau, auteur issu de la scène fanzine, et lié à la structure Polystyrène (et à ne pas confondre avec son homonyme graphiste), propose avec ces Connexions une excellente analyse de meurs, façon destins croisés ou Short Cuts (Robert Altman 1991), ou Magnolia (Paul Thomas Anderson, 1999). Il présente néanmoins son ouvrage, et ce qui aurait pu faire douter sur son origine, dans une forme esthétique à la présentation géométrique ambitieuse. Celle-ci peut déstabiliser au premier abord, mais elle se révèle un ingénieux moyen de raconter les relations des protagonistes en présence, au sein de leurs différents lieux de vie, sous forme d'alvéoles de ruche, mêlant présent et passé, et par le biais de vignette aux couleurs différentes ou fléchées en direction d'objets symboliques parsemant le décor et évoquant des moments de vie clef. Au final, sorti de cette prouesse graphique et structurelle, qui n'aurait pu être qu'un artifice esthétique, Pierre Jeanneau nous embarque dans une belle et poignante histoire d'amitiés, où le rock possède une place prépondérante. Assia est gérante de la boutique de disque Not Deaf Yet Records, et le pub Shipyard café est leur épicentre. Pierre Jeanneau a trempé dans la scène Rock underground, cela ne fait aucun doute, tant il décrit avec justesse ses mécanismes sous-jacents et la douce mélancolie qui découle de ses désillusions. Connexions, révélation d'un auteur à suivre, parlera à tous les amateurs de graphisme et de rock, ce dernier dans sa définition DIY la plus sincère. Une très belle œuvre, qui pourrait faire un très bon film.
