L'histoire :
Nicolas Marlin, jeune adolescent, fait du surf tous les jours. Il en oublie ses études et passe beaucoup de temps avec son grand-père, féru du sport et de la culture indonésienne, car son père est souvent absent. C'est d'ailleurs lui qui lui a enseigné le fameux rythme des grosses vagues : les trois éléphants. 17 ans plus tard, Nicolas est devenu un champion international et ne manque aucune compétition. Il a cependant pris des distances avec son grand-père, un peu tenu responsable de la disparition de son père en mer. Classé 9ème mondial, il est mal parti aujourd'hui sur son premier essai, et le russe Alexeï Bakh-Metzev tient le haut du podium. Dégoûté, il casse sa planche, jusqu'au moment où il « ressent » la bonne vague. Récupérant une planche, il se lance, mais les étranges manœuvres militaires navales, se déroulant derrière le spot, visibles de la plage, vont déclencher une onde puissante, transformant toute l'eau jusqu'au rivage en glace, instantanément. Nicolas, en plein ride, pris avec son surf dans un rouleau, va alors vivre une expérience incroyable...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Emg est un auteur rare, féru d'informatique (rétro). Il a choisi une voie très originale, bien que pas la plus facile dans le domaine narratif : n'utiliser que le langage binaire et donc les pixels pour ses dessins. Une technique que l'on avait très peu revue depuis le début des années 90 et l’essai L'Empire des robots (comics USA) seule œuvre dans ce genre traduite, de l'auteur allemand Mickael Götze. EMG, né en 1983, est un fidèle du site Grand papier, lancé par les éditions l'Employé du moi, avec des courts récits géniaux, dont Les récits dont vous n'êtes pas le héros. Repéré par Tanibis, label lyonnais de très bon goût, il leur offre son premier album en 2013. Si l'on peut-être déconcerté au premier abord par sa technique, l'agilité avec laquelle il raconte son récit, faisant preuve d'une grande originalité scénaristique, permet cependant de laisser très vite de côté cette réaction de défiance, pour se laisser aspirer dans l'histoire. Et quelle histoire ! Non seulement cette tranche de vie sportive et familiale, plutôt dramatique, fonctionne à merveille – car cette culture du surf, même si rendue populaire des derniers mois (In Waves, Casterman) n'est pas l'une des plus racontée – c'est sans compter avec le fantastique, déboulant au milieu du récit, et apportant un rebondissement improbable mais succulent à l'histoire. Aussi, même si prouesse graphique il y a, car il est incroyable comment Emg a pu obtenir, on imagine avec de belles influences, et après bien des heures d'essais, un style aussi fluide et « clair » dans ce challenge technique, rarement l'adage : « un mauvais scénario ne rattrapera jamais un mauvais dessin » n'aura été aussi vrai. EMG est bon, très bon, mais l'on peut se demander, au final, et comme l'avait exprimé un jour un petit gars de Nerac, Yves Chaland : « Personne ne veut croire le génial créateur. Que va-t-il se passer ? »