L'histoire :
June et Brad vivent en couple dans un bel appartement d’un quartier chic de New York. Lui est cadre et elle vétérinaire. Leur vie tranquille de jeune couple va être bouleversée lorsque Brad obtient une promotion importante. Pour cela, ils doivent déménager à Lenox, dans le Massassuchets, à plus de 250 kilomètres. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, car elle aime son métier et son environnement, June suit son mari et se retrouve dans une belle et grande maison, dans un lotissement (trop) tranquille où elle doit occuper ses journées. D’autant plus que tous deux se croisent seulement. Une vie triste à mourir, laissant June vulnérable. Un jour qu’elle se ballade aux abords de sa maison, elle est attirée par un étrange bruit à proximité d’une grosse sortie d’égouts. S’approchant, elle découvre une étrange créature, mi mammifère mi amphibien, de couleur grise, portant de petites pattes tentacules, semblant blessée. Touchée par la souffrance de cet être bizarre, elle le ramène à la maison. Choqué, Brad veut s’en débarrasser, mais sur l’insistance de June, il accepte de la garder le temps qu’elle se remette. June va cependant s’attacher, jusqu’à tomber dans une relation malaisante avec « Lenny ».
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Est-ce un album jeunesse ou bien ? …se demande t-on en abordant les premières pages de l’album. La petite fille au bord de la mer, en short, pieds nus, une épuisette à la main. Puis une grotte et un évènement suffisamment étrange pour laisser des souvenirs marquants à June, devenue adulte. Le ton change rapidement lorsqu’on entre dans la relation presque toxique entre June et son mari. L’élément déclencheur de la découverte de cette créature allant devenir Lenny - un membre étrange et étranger de la famille - apportant doucement mais sûrement l'élément horrifique du récit. Petit à petit - la fuite de June pour la cabane isolée de ses grands-parents au bord d'un lac ajoutant aux possibilités - l'angoisse nous gagne. Un autre élément, quasi mystique, donne à Oh Lenny un reflet particulier aux œuvres de Charles Burns ou Daniel Clowes. Pas de surprise dans ce constat : si Le dernier cosmonaute, premier album de l'auteur avait déjà été très bien accueilli, délivrant un statut d'auteur alternatif de premier plan (même si trop rare), à Aurélien Maury, on peut sans doute attribuer à ce troisième opus, après le petit Egg (Tanibis 2015), plutôt science-fictionnel, celui de chef d’œuvre. Mêler avec autant de malice et de talent le dessin en ligne claire soignée et le récit angoissant solide, n'était en effet pas donné à tout le monde. Le temps n’est rien lorsqu’on patiente pour ce résultat, mais... « Memento Maury ! »