L'histoire :
Ce matin, la créature constituée uniquement de boules bleues consulte son médecin, car hier encore, elle en comptait 33 et plus que 29. Que se passe-t-il ? Est-ce un virus ? Le praticien lui prescrit une cure sur le Plateau, une région plutôt désertique où l'on se rend en petit train. Là, notre collier de billes bleues fait la connaissance avec une créature violette faite de tubes qui sont encrassés. Tous deux vont voyager ensemble au sein des nombreux temples étranges, sensés les guérir ou tout du moins leur redonner foi. Mais la foi est-elle suffisante lorsque tout doit changer ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L'univers d'EMG est coloré, géométrique, beau... comme un lavabo pourriez-vous rajouter. Et bien non, c'est un évier ! Le titre est aussi mystérieux que l'univers, et pourtant, quel plaisir de lecture. Après La vague gelée, très réussi challenge de récit SF « l'air de rien » utilisant la technique du pixel coloré pour raconter une histoire, l'artiste réussit un autre pari en ne travaillant qu'avec le vectoriel de son logiciel. Tout est donc rond, carré, courbe, anguleux, tracé dans des formes fermées et colorisées de manières pleines et plates, mais si attrayantes pour les yeux. Et le détail d'une petite ligne dessinée librement, à la Hergé, pour évoquer le filet d'une rivière au fond d'un ravin, prend alors une dimension inattendue. Que dire du scénario, car il est bien là, sous tendant avec une grande poésie cet accumulation de formes et de couleurs chaudes : c'est l'aventure qui est conviée, mélangée au comic strip auquel ce Volt évier rend hommage, en reproduisant une déambulation dans un désert et un non-sens que tous les amateurs de Krazy Kat auront perçu. Oui, car si ici, nulle souris ne lance de brique, on se brise quand-même, et l'araignée qui est au plafond d'EMG se cache dans les sept boules du cristal bleu dévoilant notre vie perturbée période COVID-19... On cherche à se réparer, mais finalement, ne faut-il pas... évoluer, revenir à de l'organique, quitte à en crever ? Une belle réussite, dans le fond et la forme. Chapeau à un auteur que l'Amérique créative doit nous envier.