L'histoire :
Depuis la défaite française en 1940, les allemands occupent la Capitale. Il en est de même à Vincennes, là où vit la famille Rajsfus. Le petit Maurice, le fils ainé, se méfie lui en particulier des policiers français qui, au service de l’Occupant, passent la plupart de leur temps à pourchasser les résistants et les juifs étrangers. D’autant que plus les jours passent, plus les rumeurs de rafle pèsent sur le quotidien. Bientôt, même, la pression monte d’un cran lorsque l’obligation est faite aux juifs de plus de 6 ans de porter une grande étoile jaune sur la poitrine. Maurice en porte donc une sur la veste, ce qui ne manque pas d’attirer le regard de ses camarades au collège. Et puis le pire arrive, le 16 juillet 1942, vers 5 heures du matin, lorsque des policiers français entrent brutalement dans l’appartement. La famille Rajsfus est contrainte de les suivre dans l’instant. La rafle du Vel d’Hiv commence… Les époux et leurs deux enfants, ainsi que plusieurs autres familles, sont enfermés dans un pavillon à Vincennes, en attendant la suite. Et puis on annonce de manière un peu surprenante que les enfants de 14 à 16 ans peuvent être relâchés. La mère de Maurice, n’hésite pas : s’il s’agit d’une erreur. Il faut vite que ses enfants profitent de la confusion. Elle leur sauvera la vie. Ils ne se reverront plus...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Respectueusement servi par le travail d’illustration à quatre mains des frères D’Agostini, le journaliste et historien Maurice Rajsfus livre le témoignage de ses 14 ans : une adolescence prise dans le cœur de la tourmente nazie, sertie par la douloureuse absence de ses parents, une obligation de survivre malgré tout et cette étoile jaune rappelant à chaque seconde qu’il est en sursis. Les bruits des bottes cirées qui claquent sur le pavé parisien, ces flics français qui ont fait allégeance sans trop se faire prier, le matin du Vel d’Hiv, la séparation avec un père et une mère qu’on ne reverra plus et puis cette vie qui change au quotidien… Le petit Maurice grandira bien vite, contraint par l’infamie de se faire apprenti joaillier pour « nourrir » sa petite sœur, en espérant que le fil de l’Histoire se contentera de glisser sur eux sans plus aucun dégât. Evidemment émouvant, tentant habilement de faire toucher du doigt ce sentiment injuste de se sentir moins qu’un Homme, saisissant parfaitement cette noire période sans user de la corde héroïque mais en mettant le lecteur à la hauteur de l’enjeu, l’ensemble est un document à offrir aux jeunes générations pour permettre à chacun de ne jamais oublier. Et peut-être même d'en tirer des leçons à appliquer encore et toujours ici… Pour ce qui est de la manière de faire : la place est laissée quasi entièrement au texte, livré totalement en voix off et sans phylactère, sous la forme d’un témoignage quasi journalistique. Le résultat est peut-être un peu distancier, mais il laisse impeccablement la place aux faits et à la réalité. Aussi, si l’ensemble évoque au final un contexte déjà bien connu sans réussir à créer un lien très fort avec le personnage central, il permet d’alimenter notre Mémoire très concrètement.