L'histoire :
Depuis 2011, la Syrie est en guerre. Les morts s'accumulent. L'incertitude politique incite les habitants à migrer. Cela amène 7 millions de Syriens à quitter leur pays. La France en accueille 25 000. Pour leur permettre de s'installer, des associations leur viennent en aide. Et notamment quelques familles à Autun, en Bourgogne. Pour ces migrants, le dépaysement se fait aussitôt sentir à l'aéroport. Il se poursuit indéniablement en arrivant dans les logements qui leur sont réservés. Doucement, ils apprennent la langue, les codes sociaux.... Rien se fait sans problème. La compréhension du français n'étant pas totalement acquise, certaines situations amènent à des quiproquos parfois amusant. « Aller à l'hôpital » ne signifie pas systématiquement qu'on va mourir. Par chance, des individus s'efforcent à faire du lien, avec beaucoup de patience et de bienveillance. Malheureusement, malgré la bonne volonté, on ne peut rien faire contre les racistes où contre les médisances gratuites...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Quand on arrive à la fin de l'ouvrage, on reste sur sa faim. On aurait aimé savoir comment nos personnages du réel sont arrivés à s'intégrer sur le long terme, les ouvertures possibles grâce à la maîtrise de la langue, le lien avec les locaux... On a juste le début de l'aventure et c'est tout. Cette bande dessinée fait partie d'un projet à l'initiative d'un auteur. Thibault Mouginot a déjà expérimenté cette façon de travailler et cela a toujours été enrichissant. Il propose ici un dessin arrondi, précis et chaleureux. Pour distinguer le contexte de la BD et le quotidien des nouveaux arrivants, les séquences bénéficient d'un traitement colorimétrique différent : l'une est bleu, l'autre jaune. L'auteur évoque évidemment la haine ordinaire. Certains gamins accusent les autres de ne pas vouloir s'intégrer et... ne font rien pour les inclure à leur bande. Ou des personnes âgées prennent peur car des hommes se retrouvent en bas d'un immeuble pour discuter, en les accusant d'inaction. Hélas, on est habitué à côtoyer ce racisme banalisé par les médias. Cette disparité montre l'étendue des différentes humanités nationales. L'espoir d'un monde meilleur nous est proposé.