L'histoire :
Zèbre est décidément un drôle de zèbre. Brûlé au visage par un accident, il a dû se faire greffer une partie de son visage mais le donneur était un blanc. Il a donc désormais le visage en noir et blanc ! Depuis, il a monté une vaste escroquerie. Des gens de tous métiers et de toutes conditions sociales viennent lui raconter les méfaits qu'ils ont commis. Si c'est une affaire « mineure » comme un vol ou un pêché sexuel, c'est Zèbre qui s'en occupe. Mais si c'est une affaire plus grave, c'est Florian, à tête de démon, qui prend la main. Il offre aux criminels un asile politique avec des faux papiers. Chaque faute avouée est récompensée et le Zèbre ou Florian paie la personne en fonction de la gravité de son acte. On se croirait tout droit sorti de l'enfer ! Mais c'est bien connu : faire a un pacte avec le diable a un prix et c'est souvent le prix fort. Toutes ces rencontres et ses aveux servent les intérêts de Florian et du Zèbre, qui se servent de ces informations pour s'enrichir...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Une des premiers œuvres de David B était édité en 2005 par les éditions Tartamundo. Ce Zèbre est typiquement révélateur du style à part de David B. Plein de cruauté sombre et d'ironie mordante, cet album retrace en quelques courtes saynètes la carrière étonnante de ce faux marabout. Tout est question de faux-semblant, de duperie et de mensonges : la magie n'est qu'une série d'artifices ; la féerie qu'une conséquence de la drogue ; le cirque qu'une gigantesque arnaque ; et la sorcellerie qu'une apparence trompeuse. Même le corps de ce personnage de Zèbre n'est pas ce qu'il semble être puisque, loin d'être une curiosité de la nature, il n'est que le résultat d'une greffe ratée ! C'est ainsi que David B. détourne les codes narratifs en retournant l'univers du conte. Ici, ce faux conte se passe aujourd'hui, avec des personnages manipulateurs et assassins, avec un merveilleux factice et un univers impitoyable et sordide. Étonnante lecture, donc, que cet album pas comme les autres qui joue sur les effets de surprise et l'originalité. Pour renforcer l'impression de duperie et de détournement, le dessin en noir et blanc est particulièrement efficace. Les aplats noirs et les formes tordues cachent une réalité froide et sans âme dans ce conte moderne cruel. Une belle curiosité !