L'histoire :
En 1803, sur l’île de Nantucket, au large du Massachusetts, la population vit au rythme des interminables campagnes de chasses à la baleine. Les jeunes hommes sont tous éduqués dans cette tradition et n’ont qu’une hâte : avoir l’âge de s’engager à bord d’un baleinier pour vivre les aventures que leur content les anciens. Le jeune Achab n’échappe pas à la règle. A 13 ans, il est élevé par sa pieuse et acariâtre tante, mais passe déjà le plus clair de son temps à s’entraîner à lancer le harpon. Ses deux frères aînés sont partis à la chasse, depuis de longs mois déjà, et Achab se morfond d’en faire autant pour échapper au carcan de sa tante. Qu’un cachalot vienne à s’échouer sur le rivage et toute la ville est en ébullition. On sort les couteux pour dépecer l’animal et les marmites pour faire bouillir la graisse. Achab, lui, s’acharne à découper son trophée : une dent. Il ignore encore que son père, un valeureux capitaine harponneur, décédé avant sa naissance, a été tué par un cachalot blanc d’une taille gigantesque surnommé Moby Dick. Puis, tandis que les tensions croissent avec sa tante, Achab fugue et rejoint le continent en passager clandestin pour se faire engager sur un navire…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les auteurs de BD s’amusent beaucoup ces temps-ci, à imaginer des « extensions » aux célèbres romans d’aventure. En marge des 7 pirates de Delcourt, qui voient les principaux protagonistes de L’île au trésor de Stevenson y retourner après le roman, Patrick Mallet, lui, a inversement imaginé la jeunesse du célèbre capitaine Achab de Moby Dick avant le début du récit d’Herman Melville. Et c’est un pur bonheur ! Mallet fait un bel hommage au classique de Melville en signant un préambule BD tout à fait dans la lignée de l’œuvre. Le ton est juste, nous décrivant de manière didactique et réaliste les mœurs et coutumes d’un microcosme tout entier tourné vers la chasse à la baleine. De même, dans la psychologie des personnages, rien n’est laissé au hasard. La détermination à l’encontre de Moby Dick de ce qui deviendra plus tard le plus célèbre chasseur de baleines de la littérature, se construit sur des fondements logiques et imparables. Les récits de chasses retranscrits, tragiques et captivants, façonnent la réputation de ce cachalot mythique, et la destiné d’Achab se trace littéralement sous nos yeux. En outre, ce premier opus n’est pas sans rappeler l’excellent Voyage d’Esteban, chez le même éditeur : même époque, mêmes horizons, même parcours initiatique tendant vers le même objectif de vie. Le dessin, simple mais appliqué et parfaitement maîtrisé, est également dans le ton, rehaussé par une colorisation sobre de Laurence Croix. Ce premier tome dense et complet (54 planches), véritablement palpitant, s’avère une mise en bouche de grande qualité !
