L'histoire :
1910, Californie… Possédant une superbe demeure à Hollywood, en particulier admirée pour ses fabuleux jardins aux roses resplendissantes, le marquis Paul de Longpré doit interrompre la contemplation de son œuvre au tintamarre provoqué par l’arrivée dans sa rue d’une troupe de comédiens. David Wark Griffith se tient là, devant lui, avec acteurs et techniciens, pour tenir l’engagement qu’il a avec la Biograph Company, de tourner quelques films dans la région. D'ailleurs, il n’a pas tardé à trouver l’endroit merveilleux et en particulier sa lumière exceptionnelle. Longpré est quant à lui totalement étranger à ce nouvel art. C’est seulement poussé par l’énergie de sa turbulente petite fille qu’il se prend d’amitié pour Griffith. En échange, avec sa nurse pour chaperon, la petite fille pourra assister au tournage des dernières scènes du film en préparation. Direction : les collines surplombant le quartier, pour un petit cours de cinéma, ses drôles de machines, ses histoires d’amours, ses comédiens, ses règlements de comptes improvisés…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après avoir collaboré sur Aven (une série policière en 3 actes), les frères Astier entament une nouvelle partition à quatre mains pour une balade du côté d’Hollywood. Documenté et alimenté par des anecdotes directement tirées de l’autobiographie de Lilian Gish (une actrice ayant particulièrement marqué le cinéma muet), l'album propose de découvrir ce lieu mythique, au moment supposé où son fabuleux destin bascula. C’est la rencontre entre un aristocrate français et un réalisateur de cinéma, puis le tournage du premier film (In Old California) sous l’exceptionnelle lumière californienne qui ancrent le récit entre docu-historique et comédie burlesque animée. L’ensemble ne manque pas de dynamisme, notamment via le trait enjoué, gourmand de mouvement et surmonté d’une judicieuse colorisation de Stefan Astier. Le récit éclaire alors notre loupiote, quant aux balbutiements du 7e art (les histoires de maquillages, de pellicules perforées ou pas, de concurrences entre maisons de productions…) ou de l’histoire du célèbre « quartier » (ses fondateurs, le choix du nom…). On y retrouve également une palette de protagonistes ayant marqué de leur empreinte (avant qu’elle ne se matérialise sur le Walk of fame…) le cinéma. Evocateur et faisant preuve d’un bel effort de mise en scène, force est de reconnaitre que l’ensemble passionne peu. Il accrochera peut-être plus facilement les doux-dingues de cinéma, que l’amateur lambda qui aura du mal à percevoir qui est qui, ou qui fait quoi, ou ce qu’il représente pour le cinéma. Pour ceux là, les 2 scénaristes imaginent pourtant de donner du punch à leur exercice en jouant de la corde burlesque à tout va. Le personnage de la turbulente fille de Longpré, les protagonistes haut en couleurs (et ayant réellement existés) s’y prêtent particulièrement. Cependant, le bavardage se substitue trop souvent à l’action pour attiser véritablement notre intérêt. Un peu dommage, au regard de l’excellente intention…