L'histoire :
Mars 1943. Les monastères des îles Solovetskij, sur la mer blanche, ne sont plus un goulag depuis quelques temps, mais une base militaire. Cependant, plusieurs prisonniers de guerre, parmi les plus jeunes et les plus solides de tous les camps du pays y sont enfermés. Perdus sur ces îles, ils doivent creuser des fosses, construire des baraquements et ériger des fortifications. Fuchs est l’un de ces prisonniers. Il est allemand. Il avait connu des prisons bien pires que celle-ci avec la lumière toujours allumée, les privations, les violences et la faim. Ici, il y a de quoi manger... pas grand-chose, mais au moins il y a des repas et un lit. Un lit dur et plein de puces, mais un lit quand même. Malgré tout, Fuchs n’en peut plus d’entendre les lamentations des condamnés et le vent qui siffle et pénètre dans les fentes des baraques. Et puis, il a ce besoin désespéré de fuir, de marcher, de voir le ciel et de redevenir libre. Fuchs a décidé de s’échapper de cette prison. Il sait qu’il doit agir avant le dégel, avant que la fonte des glaces ne ramène les îles Solovetskij à leur isolement complet. Une nuit, alors que tous ses compagnons d’infortune dorment, il met son plan à exécution. Après avoir éliminé quelques gardes, il tombe nez à nez avec Attilio, un autre prisonnier qui souhaite l’accompagner dans sa fuite. Malgré lui, il accepte de partir avec ce soldat. Mais à peine ont-ils mis les pieds dehors qu’ils rencontrent Ivan, un garde russe. Ce dernier est fait prisonnier et contraint de partir avec eux...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Initialement sorti en Italie sous la houlette du duo créatif Teresa Radice (scénario) et Stefano Turconi (dessins), La Terre, le Ciel, Les Corbeaux est aujourd'hui édité en France chez Glénat. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que l’éditeur a eu le nez creux en traduisant cette œuvre pour le lectorat français, tant l’histoire et la narration sont racées. En effet, en développant les pérégrinations de trois compagnons d’infortune qui ne se connaissent pas et ne parlent pas la même langue, Teresa Radice met en avant un récit d’une rare intensité, aux valeurs fraternelles et humaines bien appuyées. Qui plus est, les références quasi constantes aux œuvres de Tolstoï, Stern ou Florenski permettent d’apporter au scénario un souffle épique et poétique. Du côté des dessins, le style crayonné et les couleurs à la peinture de Stefano Turconi sont plutôt bien réalisés. Force est de constater qu’ils sont parfois un cran en deçà de la puissance narrative de Teresa Radice. Il n’y a rien de rédhibitoire en soi, mais on reste cependant sur notre faim... En définitive, La Terre, le Ciel, Les Corbeaux est un roman graphique savamment bien amené et qui laisse entrevoir au-delà de son histoire passionnante la volonté farouche des auteurs de démontrer que l’entraide entre les hommes, aussi différents soient-ils, est la matrice de l’humanité. Voilà un récit fort qui fait du bien à lire.