L'histoire :
Le jeune Abel est retrouvé sur la plage d’une île au large du Siam, à l’automne 1807. Il ne se rappelle que de son prénom. Ni pourquoi, ni comment il est là. Recueilli sur le HMS Explorer, le jeune homme se révèle plein de ressources pour le bateau et permet même d’éviter la catastrophe lorsqu’un bateau français, le Diane, tente une opération d’arraisonnage. C’est finalement l’Explorer qui prend le contrôle du navire français. Abel se lie rapidement avec le premier officier, William Roberts, qui lui explique que la veille du jour où on l’a découvert, le capitaine a disparu en même temps qu’un trésor et que la vie des gardes du bateau. Alors que le bateau fait route vers l’Angleterre, il se retrouve au milieu de l’océan Atlantique sans vent, sous un soleil de plomb. Roberts, démoralisé comme son équipage, prête à Abel le violon du capitaine fuyard, Stevenson. Le garçon joue alors, sans s’en rendre compte, de manière virtuose, l’air préféré du capitaine, regonflant le moral de tout l’équipage. Au même moment, le vent se lève et pousse le navire sur le chemin du retour. Arrivé en Angleterre, Abel est confié par Roberts aux filles du capitaine, qui tiennent une auberge. Tout est étrangement familier au jeune homme…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Récompensé l’an dernier au festival de BD de Lucca en Italie, Le port des marins perdus est traduit de belle manière par Frédéric Brrémaud. Teresa Radice et Stefano Turconi présentent ce long one shot comme un « opéra en 4 actes ». Teresa Radice s’appuie de manière fine et intelligente sur les grands récits d’aventures maritimes, avec des passages entiers de poèmes, de Samuel Taylor Coleridge, William Blake… Cela donne un récit plaisant, onirique, qui permet de rêver et de voyager, d’autant que le trait fin et élégant de Turconi aide à la rêverie. Les plans sont variés et réussis, même si le crayonné noir et blanc alterne les moments de beauté majestueuse et l’impression d'inachevé. L’histoire est agréable sans être d’une grande invention. On y trouve avec plaisir tous les ingrédients des grands récits d’aventure de notre enfance. En cela, ce livre est une réussite. Le jeune Abel, couvé par la bienveillance des trois filles du capitaine Stevenson, va progressivement retrouver la mémoire grâce à une autre femme, la magnifique Rebecca, mère maquerelle du bouge du coin, le Pillar. Leur rencontre, d’une grande sensualité, l’est grâce à ce qu’ils partagent : la littérature, plus précisément la poésie d’aventures… Beau, intelligent, élégant, voilà un one shot agréable et bien documenté.