L'histoire :
Frédéric est dessinateur de BD. Il travaille dans un studio à Bruxelles, au milieu de confrères qui partagent les mêmes problématiques et les mêmes passions. Sa vie personnelle est aussi banale, joyeuse ou compliquée que celle de Monsieur tout-le-monde, avec des amis qui organisent un anniversaire surprise, une femme qui demande le divorce, des parents souffrants. De séance de dédicace en soirée au restaurant, de réunion de famille en session chez le juge, défile un cortège de joies et de douleurs, d'émotions simples et de soirées légères. Le dessinateur de Mélusine semble vivre dans sa vie des scénarios de gags absurdes, qui s'intercalent entre des moments plus intenses, sombres ou imprévus. Dans tous les cas, il retrouve autour de lui ses amis et ses proches, que ce soit pour chasser le poisson au revolver, pour terminer un festival BD dans une boîte de nuit, ou pour tenir la main de sa maman sur son lit d'hôpital...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C'est un grand saut pour le dessinateur de Mélusine, l'espiègle sorcière du Journal de Spirou. Après de nombreux albums pleins d'humour absurde et de non sens, puis quelques one-shots remarquables comme Luna Almaden, Clarke creuse son sillon d'auteur complet avec ce recueil de chroniques autobiographiques. Les multiples tranches de vie qui composent cet album sont autant un patchwork de situations qu'un mélange de sentiments. L'auteur passe d'un gag absurde où l'on retrouve sa patte, à une situation personnelle vécue, dramatique, tendue, d'une incroyable densité. Chaque nouvelle séquence est découpée avec minutie, lente si nécessaire, interrompue quand il le faut, laissant parfois le lecteur perplexe quand il est invité à partager la force d'un moment vécu. Le style graphique de Clarke est comme toujours remarquablement expressif, même si la majorité de ses personnages portent des lunettes qui cachent leur regard. Dans des cases légères mais très construites, le dessinateur appuie uniquement sur les détails qui comptent, derrière l'apparence d'un dessin rapide. La courte histoire intitulée le choix est à cet égard absolument bouleversante de sobriété et de réalisme, révélant un colossal talent de mise en scène. L'auteur donne ici sa version d'une autobiographie en BD, originale et décalée, mais d'une grande sincérité. Une sorte de regard distancié sur son propre vécu, simple et réaliste, drôle et émouvant.