L'histoire :
Les rebelles du square Viger retiennent désormais des civils en otage dans le quartier du vieux Montréal. Parmi eux, se trouve Nève, la jeune femme dont Riel est tombé amoureux à son arrivée dans la ville. Ce dernier n'a qu'une idée en tête : la retrouver. Alors qu'il est temporairement hébergé chez Chogan, le policier à qui il a sauvé la vie lors des manifestations, il lui subtilise une arme, et se dirige vers les vieux quartiers. Pendant ce temps, la riposte des autorités s'organise. Les politiques ne souhaitent a priori pas organiser un massacre, et se préparent à une longue période de tensions, comptant sur la lassitude et l'isolement des rebelles. Mais le conglomérat Juvex, fabricant de la cure de rajeunissement qui leur donne tout pouvoir sur les élites, ne l'entend pas de cette oreille. Il fait directement pression sur le gouverneur pour qu'une solution plus radicale soit envisagée, et pour que son business reprenne. La montée de la tension va donc forcer chacun à se radicaliser.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Une couverture superbe, des décors dignes des plus grands films de SF, des personnages magnifiquement dessinés : Thierry Labrosse est un très grand dessinateur. On se plonge avec délectation dans ces pages élégantes et violentes, visionnaires et dynamiques. Le Montréal de 2111 est formidablement cohérent, porté par un trait dont la précision et la finesse impressionnent. Ab Irato se situe dans le top du top des univers graphiques de la SF en BD, le dessinateur-peintre-illustrateur canadien a donné ici le meilleur de lui-même. Le scénario de cette saga, en revanche, ne brille pas par son originalité, déroulant une intrigue plutôt commune de conglomérat qui domine les hommes politiques d'un monde semi-dictatorial. ll est difficile de pointer du doigt ce qui n'emporte pas complètement le lecteur dans cette succession d'évènements, mais il manque à Labrosse, pour sa première série en tant qu'auteur complet, un certain nombre de ficelles narratives qui permettent d'accrocher radicalement le lecteur. Les scènes qui apportent les approfondissements nécessaires s'empilent mécaniquement les unes après les autres, de manière linéaire. On passe ainsi d'un échange entre Riel et Chogan, sur le rôle de la police face à la prise d'otages, à un échange entre deux rebelles qui ne voient pas les choses de la même manière. Grosso modo deux fois la même scène, avec des dialogues appuyés, sur plus de six pages. Coup de frein pour le lecteur, qui par ailleurs verra très peu le personnage de Gana, fascinante tueuse aux étranges pouvoirs, qui avait marqué le premier tome. Il manque donc une petite étincelle et un brin d'architecture pour que cette série en 4 tomes soit la claque qu'elle mériterait d'être. Parions sur la rigueur de Labrosse pour que les deux tomes à paraître montent d'un cran. Nous serons au rendez-vous.