L'histoire :
La belle Angie n’en pouvait plus de rester au ranch familial, à Perdition. Elle n’en pouvait plus de ce père violent et raciste qui exploite des aborigènes pour faire de l’élevage de grands sauriens. Et surtout, elle est tombée amoureuse de Mayaw, un aborigène athlétique et avide d’indépendance. Par une nuit de forte tempête (le « wet », comme on l’appelle en Australie), elle se sauve avec lui. Lorsque son père s’en aperçoit, il envoie Bruce, son homme de main, à la recherche du couple. Bruce est d’autant plus opiniâtre pour retrouver Angie et Mayaw, qu’il a toujours désiré Angie. Quand il les retrouve, après quelques semaines de traque, il envie leur bonheur et s’aperçoit avec rage qu’Angie est enceinte. Sans scrupule, il tue Mayaw et drogue Angie, le temps de l’emmener chez une vieille autochtone qui sert d’avorteuse. Durant l’opération à la sauvage, sur une table de cuisine, Angie se réveille en panique. La vieille comprend alors qu’elle l’avorte contre son grès… mais il est trop tard. Dans le tumulte, la vieille assomme Bruce et Angie se sauve. Bruce se réveille ligoté à son 4x4, en plein désert. Les cuisses en sang, Angie parvient à regagner le bidonville proche et découvre le cadavre de Mayaw. Sans nouvelle de Bruce, le père d’Angie engage quant à lui deux mercenaires pour retrouver tout son petit monde…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Damien Marie et Damien Wanders livrent ici la suite et la fin d’un thriller glauque à souhait qui porte bien son nom. Rien ne nous est épargné dans cette tragédie qui – on ne trahit pas grand-chose en l’avouant d’emblée – finit on ne peut plus mal, au terme d’un climat d’oppression qui va crescendo. D’ailleurs, il nous faudra bien les happy-end de 2-3 Yakari pour nous en remettre. Au fond (tout au fond), cette histoire sordide et peu bavarde en textes (un seul phylactère au cours des 5 dernières planches : « Crève ! ») ne serait rien sans le formidable travail d’ambiance effectué par Wanders pour en renforcer la dramaturgie. A l’image du tome 1, tout se déroule de nouveau durant la tempête tropicale locale – le wet que ça s’appelle, en Australie. Cet ouragan s’étalerait donc sur quelques semaines ? Oui, la notion de temporalité est ici très souple… Cette météo exécrable est l’occasion de ciels tourmentés, de pluies torrentielles, qui finissent par se mêler à la boue des marécages et aux grands sauriens voraces et en alerte. Ce second opus offre toutefois quelques « respirations » en plein désert, quoique rougeoyant et étouffant, le temps de… règlements de compte sanglants. Bienvenus dans un monde de Bruce.