L'histoire :
Le petit Francky annonce de but en blanc à sa mère son nouveau caprice : il veut un chien. Il ignore qu’au même moment, Bidou passe sur le trottoir face à sa maison. Bidou est un chien petit, gentil, bleu et errant, qui habite dans la carcasse d’une vieille bagnole pourrie au milieu d’un terrain vague. Il est relativement heureux ainsi, Bidou. Il se nourrit des trucs qui trainent dans la ville et parvient à peu près à se faire respecter lorsqu’un gros chien jaune lui pique sa collection d’os. Bon, évidemment, l’autorité est tout de suite moins évidente lorsqu’il s’agit de faire dégager un molosse au regard injecté de haine et écumant de bave. Le même soir, Bidou se prend ainsi une sacrée rouste et perd son nid douillet. Et en prime, comme il est un peu sonné, il se fait capturer par la fourrière. Il se réveille le lendemain matin dans une cage dorée de la SPA. Dans ce jardin fermé, des dizaines de chiens s’égayent et se font dorloter par des bénévoles. Bidou y retrouve son molosse agresseur de la veille, qui donne bien du fil à retordre aux dresseurs. Ces derniers sont même obligés de lui enfiler une muselière, ce qui ne l’empêche pas de s’en prendre à une petite chienne. N’écoutant que son courage, Bidou s’interpose pour faire cesser cette violence gratuite…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Créé par les brésiliens Eduardo Damasceno et Luis Felipe Garrocho, Bidou se présente comme un petit chien bleu adorable et courageux, en quête d’un foyer d’adoption. Or ça tombe bien, en marge des pérégrinations urbaines de ce mignon toutou, un petit garçon désespère de pouvoir adopter pile-poil ce genre de chien. Dès la première planche, il ne fait nulle doute que ces deux-là finiront par se trouver réciproquement en fin d’album. La trame de fond est donc attendue et bon-enfant, mais les moyens graphiques et narratifs sortent légèrement du tout-venant. Visuellement, tout d’abord : le dessin stylé, varié, détaillé et affable, met en scène des personnages humains et animaux expressifs, selon une ligne artistique cohérente de bout en bout, et joue le parti-pris original des teintes délavées. Hormis quelques cadrages un peu trop originaux pour être pleinement lisibles, l’ensemble se révèle très agréable à suivre. Mais c’est surtout sur le plan narratif que se trouve la plus-value première de Bidou : dans ce one-shot, si les humains parlent basiquement français, les animaux parlent… chien ! C’est-à-dire que les phylactères s’efforcent de contenir des schémas et onomatopées visuelles décrivant au mieux leur propos. Si le principe est très astucieux, son aspect explicite est un peu moins optimal. Cela dit, il faut souligner cette idée, aussi fraîche qu’adaptée au sujet.