L'histoire :
Directeur adjoint d'une société New Yorkaise, Norman trompe l'ennui d'une carrière routinière à travers des aventures sexuelles extra conjugales. Quadra brillant qui ne connait aucun problème d'argent, il n'hésite pas à quitter son bureau pour retrouver en début de matinée la jeune et jolie Tiny, et lui confier sa lassitude d'une vie trop rangée. Nous sommes au cœur de New York, le matin du 11 septembre 2001. Les bureaux de la société de Norman Jones se trouvent dans une des deux tours jumelles qui vont s'effondrer, traversées par les Boeings pilotés par des terroristes. Norman y voit alors comme un coup de main du destin. Censé être au bureau, il décide d'abandonner sa femme et sa famille, les laisser croire qu'il a disparu dans les décombres. Et de démarrer une nouvelle vie, totalement anonyme. Il se débarrasse de ses cartes de crédit, de son téléphone et se plonge dans un anonymat qu'il espère salvateur. Il va enfin retrouver le goût des choses, la naïveté de ses 12 ans, en un mot : la liberté. Il réalise alors très vite que Tiny le trouve beaucoup moins séduisant sans ses moyens financiers et les restaurants chics qu'ils fréquentaient ensemble. Il la quitte sans attendre. Norman prend la route, un sac sur le dos, une casquette sur la tête. C'est le début d'une longue quête de soi, qui va conduire Norman sur bien des chemins imprévus...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le scénariste Rodolphe nous propose ici un one shot de longue haleine, qui nous promène sur plus de 160 pages en compagnie d'un homme qui décide de tout laisser tomber et de devenir un vagabond sur les routes américaines. Après un beau pitch de départ qui met en place un suspense policier intense, le livre devient plus léger, et prend son temps pour nous amener doucement vers le bouclage attendu. La durée de ce road trip est un plaisir en soi, qui permet à Rodolphe de mettre en scène un personnage léger, des situations drôles, des dialogues de qualité. Le maître scénariste qui n'a pas son pareil pour créer le mystère joue moins qu'à son habitude de l'ellipse, des pistes sans suite, des faux semblants. Georges van Linthout illustre son récit d'un noir et blanc (en fait une gamme de bruns) aux nombreuses nuances, donnant à cet album au format comics un ton moderne de roman graphique. L'histoire reste une pure distraction, sans volonté de s'appesantir sur la société américaine, mais avec une touche de réalité qui rend sa lecture plus dense. Bien entendu, le lecteur va se faire embarquer par une intrigue bien calculée qui boucle avec son effet de surprise. Mais ce sera après avoir parcouru un bon bout de Route 66, sous tous les temps possibles, et avoir rencontré toutes sortes de personnages de l'Amérique quotidienne et profonde.
