L'histoire :
En 1896, dans la région du Klondike (une région du Canada), des gisements aurifères font leur apparition. Dans les 20 années qui suivent, un véritable exode vers l’or fait la fortune de certains prospecteurs. Les routes sont nombreuses pour y arriver, mais longue est la distance quand le froid est tel qu’il se rappelle à chaque instant à votre corps. C’est ce que vit un homme qui, par orgueil ou par fierté, a décidé d'aller vers l’or qui changera sa vie. La neige recouvre tous les reliefs, y compris le fleuve Yukon. La température atteint les moins 45°, mais l’homme est courageux. Il s’arrête de temps à autre pour se nourrir de biscuits. Il les dissimule sous sa veste et contre son corps, afin que ceux-ci ne gèlent pas, comme ses crachats par exemple. Son compagnon d’infortune est un chien qui n’attend qu’une seule chose durant ce long trajet : le feu que fait son maître lors des pauses. L’homme regarde régulièrement sa montre et se rend compte qu’il est en avance sur son carnet de route. Il décide de s’arrêter faire un feu. Une fois reposé, l’homme suivi de son chien reprennent leur chemin, mais le froid se fait de plus en plus saisissant…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Christophe Chabouté est un artiste assez rare. Une fois par an, celui-ci sort un nouvel album qui a la faculté de nous surprendre à chaque fois par sa qualité. Son dessin reste maîtrisé du début à la fin, jouant des contrastes entre le noir et le blanc, auxquels viennent se placer quelques couleurs savamment choisies. L’histoire est ici adaptée d’une nouvelle du célèbre romancier Jack London (L’appel de la forêt) qui, pour le coup, a romancé sa véritable ruée vers l’or avant que le scorbut n’interrompe son parcours. A travers cette adaptation, on découvre un récit dense et fort. L’ambiance est pesante, due au froid omniprésent et à une narration atypique. Celle-ci fait la part belle à de nombreuses scènes silencieuses, laissant place à l’interprétation et au ressenti du lecteur. La voix off du narrateur illustre alors parfois des séquences extrêmement rudes. Petit à petit, Chabouté happe véritablement l’attention du lecteur pour ne plus la relâcher. Ce n’était pas une sinécure : un unique décor, deux uniques personnages, un seul objectif… Les talents graphiques de Chabouté permettent même de se demander si l’auteur n’aurait pas pu se passer entièrement de textes. Bâti sur un récit marquant, Construire un feu met en relief un univers travaillé, et prouve une nouvelle fois un aboutissement certain. Chabouté a encore transformé l’essai !
