L'histoire :
Dans une lettre écrite à son cousin Salvatore, Luigi retrace l’histoire d’Erminio Peroni, leur instituteur d’enfance aujourd’hui en retraite. Le jeune instituteur Erminio arrive dans le petit village sicilien de Monteluccia à la fin des années 50. Il est nommé par son ami Paolo Rosa, recteur à Rome, en remplacement de l’ancien maître d’école décédé. D’origine milanaise, Erminio a bien du mal à se faire accepter par les gens du village, soumis à une mentalité très xénophobe. Le maire Battista, surtout, un rustre autoritaire qui tient sa ville depuis des années, veut le renvoyer manu militari à Rome. Mais avec l’appui du recteur et beaucoup de volonté, Erminio s’installe et se fait lentement accepter, par les enfants d’abord, puis par les adultes. Mais il reste également en raison d’une idylle naissante avec Anita, l’institutrice des filles et… sœur du maire. Pourtant déjà mariée, mais cultivée et émancipée, la jeune femme parvient parfois à s’échapper pour vivre des moments interdits de folle passion…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Sortez vos mouchoirs, l’histoire d’Erminio le milanais est une belle histoire, mais carrément super triste ! A elle seule, la couverture symbolise le pathétique de ce récit profondément humain. Erminio contemple le bilan d’une vie, celle d’un homme gravissant la confiance d’une petite ville un peu renfermée sur elle-même, solitaire sur une voie de lumière. Si au fil des pages, nous sommes saisis par les douloureux secrets de cette existence, trahis par une bête allergie aux figues, ce récit est avant tout celui d’une solitude. Pétri d’humanité, Erminio aura été abandonné dans sa profession, abandonné dans son couple, abandonné par sa descendance, mais aussi pour ses vieux jours, abandonné par lui-même, par ses propres souvenirs. Découpée en chapitres, cette histoire illustre la lettre de Luigi en plusieurs flashbacks entrecoupés par la triste réalité du présent, « l’ultime » voyage d’Erminio. La narration tout en nuances de Joseph Béhé et Amandine Laprun est superbement rendue par un dessin très particulier et néanmoins très réussi d’Erwann Surcouf. Les aplats des différentes teintes noires et blanches résultent de moult hachures et traits, plus ou moins épais, plus ou moins distants. Si le procédé graphique surprend lors des premières cases, sa régularité finit rapidement par le faire oublier, révélant une superbe maîtrise technique.