L'histoire :
Millery, coteaux du Lyonnais, septembre 1961. Jeannot et Mounette, deux gosses amoureux, laissent les derniers jours de vacances s’égrainer au rythme des hoquets d’un tracteur entêté et des sécateurs. Les vendanges battent leur plein sous un soleil de plomb. Peu intéressés par les travaux viticoles, les deux gamins préfèrent battre la campagne et s’offrir de gargantuesques collations. En cette fin d’été besogneuse, les adultes n’ont guère le temps de leur prêter attention. C’est vers leurs grands-parents respectifs, Joseph et Lucie, que Jeannot et Mounette trouvent une écoute complice. A leur contact, ils apprennent la science du collet ou celle des herbes médicinales. Seul cumulus dans ce ciel azur, une haine immémoriale et insoluble entre les deux aïeux. Cependant, en fouillant dans les tiroirs de Lucie, Mounette découvre la photographie jaunie d’un soldat de la grande guerre. Il s’agit bien de Joseph. Les quelques mots au bas du cliché ne laissent aucun doute : ces deux là ce sont aimés… Commence alors pour nos jeunes héros une enquête difficile dans un village où la loi du silence semble peser lourdement. Chassés par le cafetier, rabroués par le facteur, c’est finalement auprès du curé que les enfants trouveront quelques réponses. Il œuvrera, en effet, pour faire éclater la vérité et déterrer les secrets ancestraux…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il est des mets qui donnent envie d’être papille. Il y a des parfums délicats qui font fermer les yeux. Des clapotis d’eau qui bercent nos oreilles et des mains qui se tendent vers des joues rebondies. Et puis une inconnue vous offre ses images. Dans l’instant, on souhaiterait devenir iris et entrer sans tarder à l’intérieur du dessin… Avant d’être une jolie histoire, Et si… est, vous l’aurez compris, une réussite graphique. Dés la première planche, on retrouve la virtuosité des grands. On pense, alors, à Régis Loisel et Jean-Louis Tripp pour Magasin Général. La fraicheur, la douceur enfantine, la poésie du trait… Mais si Marie Jaffredo rend une copie si touchante, c’est surtout parce qu’elle met son talent au service du récit. Faisant ses premiers pas en tant que scénariste (coachée par Olivier Jouvray s’il vous plait !), elle utilise à bon escient les plans en plongée, les zooms lents, rendant le lecteur complice, attentif. L’utilisation d’un lettrage écolier est magique. Le choix de narration, qui emprunte souvent la voix off, judicieux. Il prend même au piège les plus naïfs qui pensent que l’auteur(e) nous livre, ici, sa propre histoire. La mise en couleur mélangeant aquarelle, encre et gouache parachève l’ouvrage en donnant un ton d’été indien des plus agréables. Si le dénouement est, quant à lui, sans surprise, ce one-shot équilibré dans lequel la magie de l’enfance est au premier plan, est un excellent présage pour la collection Terres d’origine.
