L'histoire :
Krän est en train de régler un léger litige avec un bucheron (il a abattu un gros chêne qui a écrabouillé sa maison), lorsque le paladin Donald s’en vient le quérir de toute urgence. En effet, son père le roi de Torgnol est atteint d’un mal mystérieux qui lui fait gonfler le ventre… et son médecin personnel est incapable de le soigner. Il faut que Krän se prépare au pire : devenir roi. Cette perspective ne réjouit guère notre barbare, car le prestige de la fonction exigerait qu’il cesse les bitures, des bagarres et autres débauches quotidiennes. Alors qu’il se lamente sur son sort (devant une bonne bière), sa copine Lovemidou a une idée : faire appel à sa tante, une sorcière super compétente, qui saura forcément préparer une décoction adéquate. Ils ignorent que le chef de la guilde des assassins, Gustave de Chourave, troisième sur la liste des héritiers légitimes du royaume, a appris l’état du roi. Il voit dans la quête de Krän l’occasion de faire coup double : en tuant le barbare, il l’empêchera aussi de guérir le roi. Lors d’une assemblée de comploteurs, il envoie donc Ferdinand le rampant, le plus fourbe d’entre eux, pour exécuter cette mission. Pendant ce temps, Krän et ses amis découvrent en arrivant chez la tantine, que celle-ci s’est absentée pour participer au tournoi décennal des sorcières, à Lastrepass…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après 9 tomes de longs et boyaux sévices, Eric Herenguel passe le relai de son légendaire et lyrique Krän à l’équipe en charge de Krän Univers, c'est-à-dire Pierre Loyvet (au dessin) et Morgil (aux couleurs). Même s’il reste aux commandes du scénario, on aura beau dire, Krän, ce n’est plus tout à fait pareil. Loyvet est certes appliqué, détaillé et respecte scrupuleuse les personnages et l’univers, son style de dessin mâtiné de manga est presque trop propre, trop policé… Or, dire à Krän qu’il est propre et policé, c’est pire qu’une injure. Et comme un assagissement n’arrive jamais seul, les répliques cinglantes qui faisaient tout le sel de la série sont moins percutantes, Krän éviscère mollement, son garou est anecdotique, Kunu refoule moins du fion… Bref, soit Herenguel a perdu son inspiration, soit il n’est pas vraiment responsable du scénar. L’intrigue qui pousse la fine équipe de héros à participer à un concours de sorcellerie, louche même furieusement du côté d’Harry Potter ! L’histoire demeure plaisante, divertissante, impeccablement rythmée, bref très pro, ce n’est pas la question… On a simplement le sentiment que cette série d’heroïc-fantasy, jusqu’alors sévèrement burnée, trash et politiquement incorrecte, a perdu sa foi.