L'histoire :
Victor s'est vu trop beau. Ce jeune apprenti tailleur de pierre a goûté au luxe de la noblesse, grâce à un généreux donateur qui s'amusait de lui et de son objectif secret : devenir une menace pour la société. Victor s'est emparé d'une arme et s'en est servi dans un restaurant de la Haute. Dès lors introuvable, c'est son père qui est conduit au commissariat et incarcéré pour ses fautes. Victor a été recueilli par Hermann, un type chaleureux qui installe dans l'esprit du jeune homme que les maux de l'Autriche sont dus aux juifs. A force de le côtoyer, l'apprenti tailleur de pierre commence à partager ses idées... Puis il apprend que son père est emprisonné. Victor et Hermann fomentent donc un plan d'évasion. Ils kidnappent Mathilde, une prostituée de l'établissement de luxe et font chanter un juge qui en était éperdument amoureux. Certes, leur plan fonctionne... Mais Victor n'a pas conscience que la situation dérape et que ses actes coûteront la vie à certains de ses proches...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La réputation de Wilfrid Lupano n'est plus à faire et sa régularité impressionne. A chacune de ses séries, éclectiques, il parvient à imposer un ton, une qualité et un intérêt pour le lecteur. Avec L'assassin qu'elle mérite, le scénariste s'est embarqué dans un récit sombre et adulte qui prend place à Vienne au début du XXème siècle. Suite à un odieux pari passé entre deux hommes aisés, un garçon du peuple est projeté dans un monde qu'il ne connait pas, celui des riches. Puis après l'avoir suffisamment habitué aux bonheurs qui découlent d'un tel milieu, il en est repoussé. Dès lors, commence sa longue chute... La fin de l'innocence porte clairement bien son titre. Cette fois, le garçon est prêt à tout pour retrouver ce qu'il a perdu, y compris adhérer à des idéaux nauséabonds. Lupano insère parfaitement son histoire dans l'Histoire et montre la virulence des thèses antisémites qui rongeaient (et rongent encore) l'Occident. Oppressant et éprouvant, ce second opus permet aussi aux lecteurs de retrouver le trait soigné (et fin !) de Yannick Corboz. Les dessins bénéficient toujours d'une véritable attention et installent parfaitement l’ambiance souhaitée. Jusqu'où vont donc nous conduire les auteurs. Feront-ils couler le sang ? L'art se sublimera-t-il à lui-même ? Victor tombera-t-il plus bas ? La réponse dans le prochain volet...