L'histoire :
Cet été 1963, le père de Jean (16 ans) lui a subitement annoncé qu’il avait une demi-sœur d’origine vietnamienne, Linh, âgée de 12 ans. Or, vue la guerre qui fait rage en Asie, il la fait rapatrier en France. Les deux enfants sont alors confiés à la tendresse de leur grand-mère, dans un petit village d’Auvergne. Jean a toujours un comportement infect avec sa famille. Dans le fond, ce n’est pas parce qu’il n’aime pas cette frangine nouvelle, mais parce qu’il a l’âge bête et qu’il se sent trahi qu’on lui ait dissimulée durant toutes ces années. De fait, il n’aide pas du tout à la ferme, préfère lire des illustrés, sortir avec ses copains et il n’est pas franchement sympa avec Linh. Elle est toutefois compréhensive vis-à-vis de cette attitude et pardonne beaucoup. Du reste, elle a d’autres préoccupations : son père est retourné au Vietnam, où la situation empire, pour essayer de ramener sa mère en France. Chaque nuit, en cauchemar, elle revoit le viol de sa mère et le meurtre abominable de sa grand-mère vietnamienne. Sylvaine, la fille de l’aubergiste dont Jean est secrètement amoureux, va alors beaucoup aider à détendre l’atmosphère et à inclure Linh dans leur petit groupe d’amis. Notamment un soir de bal du 14 juillet…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le premier tome avait d’emblée mis la barre très haut, avec un dessin d’une grande douceur, un scénario psychologiquement et historiquement intéressant, des personnages attachants et une narration exemplaire. Il n’y a donc pas de raison pour que les auteurs changent leur recette. On reprend donc là où on était resté, c’est-à-dire sur le caractère effronté du jeune Jean, qui n’accepte pas sa demi-sœur vietnamienne, dans le cadre bucolique et estival d’un petit village d’Auvergne (le Livradois-Forez). Les jeunes héros se mettent donc à tisser leurs liens, suivant les coups du sort et les comportements adaptés à leurs âges : l’amour, les copains, les coups de sang… et comme il fallait s’y attendre, par l’entremise d’un évènement un brin tragique, Jean finit par adopter l’attitude protectrice qui convient envers sa sœur. Le scénario de Marc Bourgne n’a certes rien d’hyper original : on s’attend un chouya à la tournure globale des évènements. Cependant, dans le registre grand-public des relations humaines, il parait aussi impossible d’innover. Ce sont bien les propriétés narratives du récit qui sont ici à souligner, pour leur fluidité et leur empathie. D’ailleurs, au terme d’une dernière planche lourde d’émotions, on quitte les héros en regrettant qu’il ne s’agisse que d’un diptyque, et non d’une série au long cours. Bref, ce second opus conserve ses grandes qualités, à la fois bourré de tendresse et de gravité. Si on pinaille, le seul petit bémol viendrait peut-être du dessin de VoRo, un crayonné réaliste toujours suavement rehaussé de couleurs directes, qui aurait tendance à perdre de sa finesse sur la fin de l’album. Cette mini-lacune est typique d’un dessinateur qui peine à respecter les délais de livraison de ses planches. Cela dit, il n’y a pas vraiment d’altération, juste une légère impression qui ne nuit aucunement à la cohérence et la qualité de l’ensemble. Un bien joli diptyque, pour le moment le meilleur de la collection Terres d’origine.