L'histoire :
« Depuis que Papa Jacky a arrêté de regarder les séries Z pour les remplacer par le JT de 20h00, c’est la panique à la maison. Rognures d’ongles et cheveux en paquet sur le canapé à l’annonce d’une nouvelle canicule ou des ravages d’un ouragan. La fonte de la banquise, les déchets toxiques, la sécheresse… il se sent tellement coupable que du coup, nous trinquons. C’est décidé, on s’exile à la campagne. Papa a même trouvé une maison. La dernière fois qu’il m’a semblé concevable de pouvoir vivre à la campagne c’est quand l’école nous a fait visiter le Château de Versailles ! Alors quand avec ma sœur Mina, on a vu la photo de sa maison ID-È-ALE, j’ai senti une grosse boule se former au creux de mon ventre. Fermette à rénover, 2 hectares : Bienvenue à Galèreland ! Pour être tranquille… on l’est, et on a de la place. Première bourgade : 3 heures de marche. Poulailler, clapier, écurie, étable (sans oublier la fosse à purin), pas de chauffage central (marrant : on se coupe des tranches de lait gelé). Et puis la nuit c’est top : une petite envie de pipi et hop une ballade nocturne dans le jardin pour 80 m à l’aveuglette. C’est quand même chouette la vraie vie… Mais, il y aura aussi des étés dans notre campagne, des fleurs et des prairies. Et puis, en retroussant un peu les manches, Papa et nous, on la sauvera la planète… »
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La brune Carmilla nous revient toujours aussi pétillante et tellement pleine de bon sens. Du haut de ses 13 ans, elle semble avoir, parfois, bien plus de sagesse que la plupart de ses ainés. Dans ce 3e opus, Lorris Murail met le cap sur l’écologie, sujet on ne peut plus actuel et décliné à tout va, avec parfois plus ou moins de bonheur. Ici l’originalité de la composition tient au regard à la fois tendre et inspiré d’une (toute juste) adolescente : pas de leçon de morale culpabilisante mais une juste prise de conscience ; un doigt moqueur pointé sur les excès ridicules du « tout écolo ». La subtilité du choix narratif, qui emprunte le média préféré des ados, assoit, quant à elle, le lecteur dans une virtuelle complicité. La sincérité du propos de Carmilla semble, alors, évidente et rend la petite bonne femme attachante. En saupoudrant le tout d’un humour simple et enfantin où le comique de situation est finement exploité, le scénariste rend une copie très satisfaisante. Son travail à tout pour plaire au public ciblé. De son coté, le dessin de Laurel apporte toute la fraicheur nécessaire au récit : une rondeur de trait et une colorisation adaptés, des visages tantôt doux, tantôt grimaçant à l’excès, des cadrages subtiles et originaux. Bref, l’ensemble est très convaincant. Une intelligente BD jeunesse qui, comble de bonheur, offre aussi un bon moment aux parents. Longue vie à Carmilla !
