L'histoire :
Français d'origine, Guillaume s'est marié et vit à Tokyo avec sa femme japonaise, Chinami. Ils ont eu une petite fille, Sakura, âgée de 5 ans. Ce jour-là, alors qu'il prépare un gâteau au chocolat avec Sakura, Guillaume reçoit un coup de fil tragique : Chinami a eu un grave accident de vélo. Elle est plongée dans un profond coma et les médecins ne lui donnent guère d'espoir. Dans les jours qui suivent, Chinami meurt et Guillaume se retrouve seul à devoir éduquer sa fille... en marge d'un métier très prenant. Il doit d'ailleurs s'acquitter d'une mission en Inde. Par conséquent, Sakura doit aller vivre quelques temps chez sa grand-mère maternelle, à la campagne. L’enthousiasme de la fillette n’est pas au rendez-vous. Sakura essaie de trouver des excuses à son père pour repartir avec lui. Elle ne parle pas très bien le japonais, le chat va la griffer, les enfants vont se moquer d’elle… Mais une fois là-bas, après une première nuit, un autre monde s'offre à elle. Cela commence par le félin de la maison qui vient se pelotonner contre elle. Puis elle part faire des courses avec sa grand-mère en scooter et elle hume cette odeur de mer qui occupe tout l’espace. Les choses vont d’émerveillements à des étonnements continus. Tout est différent de Tokyo, ici. Son père lui a offert un cahier pour qu’elle écrive chaque jour ses aventures. Grâce à ces moments pleins de délicatesse avec sa mamie, elle reprend goût à la vie avec, dans son cœur, une place pour sa mère chérie...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dès les premières pages, Marie Jaffredo nous emmène dans la vie de Sakura en mélangeant le passé et le présent. Elle alterne naturellement les deux types de séquences en allant du noir et blanc à la couleur pour poser le cadre. Puis progressivement le récit s’installe dans le présent. Car c’est en regardant bien ce qui nous entoure que l’on peut mieux accepter des éléments du passé. Sakura n’a pas vraiment de souvenir avec sa mère, celle-ci est morte alors qu’elle était trop petite. Son séjour chez sa grand-mère va lui permettre d’en savoir plus sur sa génitrice, ses origines et surtout la culture japonaise. Le fait de prendre son temps pour cuisiner, se balader, admirer la nature incite à se concentrer sur une chose et aussi d’apprécier le calme. Ce rythme s'impose à l’opposé de celui de la capitale. L’enfant toujours triste découvre le monde des kamis, le rapport à la nature et comprend que toute chose a une fin. Ce n’est par parce qu’une personne meurt qu’elle n’existe plus pour soi. On la garde en nous, elle reste proche de nous. Cette vision pleine de poésie et de délicatesse est idéale pour montrer la gestion du deuil. Le graphisme répond à cette vision, avec un trait net, précis avec des couleurs douces et réconfortantes. La forêt et la mer regorgent de nuances et de petits éléments facilitant la création de jolies images. En marge d'une agréable découverte de la culture traditionnelle japonaise, cette parenthèse entre magie et merveilleux se dévore d’une traite.
