L'histoire :
Ce matin de l’an 1791, aux Amériques, le temps était clément et le ciel bleu azur. Près des côtes, un navire s’approchait, bravant la brume encore présente. Le vaisseau comptait en son bord le Baron de Münchhausen. Le gentilhomme répondait à une lettre envoyée par son ami le dénommé Rodolf K. Schmitze. Ce « vieux soiffard » lui promettait en ces terres un « Nouveau Monde » dépassant son entendement, ses rêves les plus fous ! Il y sévissait aussi encore des personnes sans scrupules, défendant jalousement leurs privilèges par d’odieux recours. Le baron en fit l’expérience amère à peine débarquée : le trois mâts qui le transportait vola en éclats et l’incendie le consumant n’en finissait pas de rougir l’horizon. Tout retour devenu dans l’immédiat impossible, le Baron poursuivit son voyage et atteignit « Crow Valley », la vallée des corbeaux, connue par ailleurs sous le titre lugubre de « vallée des condamnés »… L’endroit ne manquait point à son nom. En revanche son maître, le Sieur Leroy, semblait, lui, manquer à son rang. Ses manières étaient celles d’un sorcier et son parler une langue de vipère. Il avait torturé et tué Schmitze et il projetait maintenant de donner la chasse à son nouvel invité…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Oyez, oyez braves gens, voici le retour du Baron au nom à coucher dehors ! Il n’a pas perdu un seul poil à sa moustache (je les ai comptés !) et après le Proche-Orient, il nous entraîne à sa suite plus à l’Ouest, en fait carrément plus, vers ce Nouveau Monde qu’un certain Colomb aurait atteint un beau matin. Les Amériques reprend un titre qui sied déjà à un dénommé Isaac le Pirate et, côté aventurier-voyageur (ici même globe-trotter), notre héros marche aussi dans les pas d’un certain « Marquis des Ames en peine ». C’est qu’au siècle des Lumières, on pense univers : on voit simplement plus grand. Exotisme de tous continents et curiosité gloutonne d’une science naissante (confrontée aux magies et croyances d’en temps) bataillent ferme en vue de conquérir, ou de préserver, l’esprit des hommes. « Fabuleusement folle » : voilà pour situer une série qui fait petit à petit son trou. Graphiquement, c’est superbe. Digne de la collection Equinoxe, les couleurs rougeoies, bleuisses ou verdisses selon les planches, vous en collant plein la vue, à coup de touches adroites et répétées. Le trait, sachant se faire discret, conserve un allant de prime esquisse pour un résultat d’ensemble de toute beauté. Sûr qu’Olivier Supiot n’a guère volé son prix du Meilleur dessin à Angoulême (Le Dérisoire, 2003). Point de réserves en vue quant à d’éventuelles reproches à adresser à notre Baron d’outre Rhin. Ah si, qu’il nous emmène encore plus loin, toujours plus loin. Eh bien, jubilez : la Chine est annoncée…
