L'histoire :
C’est la loose. Depuis leur dernière aventure, Croquignol, Filochard et Ribouldingue n’ont plus une thune en poche. Ils vivent dans une caravane pourrie au milieu d’un camp de Roms sur un terrain désaffecté. Mais, l’arrivée des condés les met à la rue. Ils rasent le campement au bulldozer et leur caravane avec. Les policiers les arrêtent et les emmènent au poste. Après un interrogatoire délirant, les Pieds Nickelés sont enfin libres, mais toujours sans le sou. A leur sortie du commissariat, un chien les suit (surnommé aussitôt Bojolais) et donne une idée de génie à Croquignol : faire passer Filochard pour un aveugle qui a besoin d’argent, pour une opération lui permettant de recouvrer la vue et le chien jouera le rôle de chien pour aveugle. Les trois compères et le cabot se pointent devant les locaux de l’association qui lutte pour la cause animale, « Un ami pour la vie ». Grâce à leur formidable pouvoir de persuasion, ils parviennent à soutirer 8000 Euros. De retour sur leur campement de fortune, ils réintègrent leur caravane (ou du moins ce qu’il en reste). Le lendemain matin, ils sont réveillés par François Timoré, candidat à l’élection présidentielle suivi par une armada de journalistes, qui fait campagne contre les naufragés du logement trop cher…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Décidément, Philippe Riche revisite avec talent l’univers des Pieds Nickelés en leur redonnant leurs lettres de noblesse. Pour ce nouvel opus, il surfe sur l’actualité des élections présidentielles avec des personnages politiques criants de vérité en singeant leurs traits de caractère. Il passe au vitriol les principaux thèmes de campagne : les expulsions des étrangers (les Roms seraient en fait des agents secrets roumains qui prépareraient le retour de l’Armée Rouge pour envahir la France, d’où leur expulsion), le nucléaire (les Roms expulsés seraient également des mules qui transporteraient des déchets nucléaires vers leur pays d’origine). Le fonctionnement kafkaïen des partis politiques est passé au crible avec humour (« Chez les Verts, toutes les propositions doivent être débattues devant les militants, puis passer devant un groupe de discussions, puis être validées par les délégués régionaux, avant d’être présentées au conseil national… »). Au rayon dialogue, Philippe Riche nous comble avec son sens du verbe ciselé et incisif. Tout y passe, sans concessions et sans tabou. Il dégomme les discussions de comptoir : « Les bridés, paraît qu’y rachètent tout notre pinard ces enfoirés, faudrait leur envoyer la bombe atomique, ça ferait de la place ». L’auteur y ajoute une dyamique de lecture en multipliant les bulles sur une même case. Le trait de l’auteur, volontiers caricatural, participe à la réussite de cette entreprise (la fraise remplace la rose sur le logo du Parti Socialiste). Bref, un album indispensable pour bien rigoler pendant cette campagne présidentielle (qui nous fait bien rire déjà !).