L'histoire :
Lors de ce deuxième voyage, le docteur Gulliver préféra se lancer seul à l’aventure. Le hasard des vents l’avait porté en un monde de sable où les empreintes de pas faisaient deux fois sa taille… sa taille corporelle ! Des empreintes de géants ! Nulle âme qui vive, jusqu’à des cris terrifiants derrière lui et une course poursuite qui s’ensuivit. Là, sous le rocher, peut-être sera-t-il à l’abri. Finalement ce n’est pas à lui qu’on en veut mais à un crabe. Une fillette le saisit et court le montrer, très fière, à son père. Peine perdue : ce n’est pas un bon. Eclaté d’un coup de pelle, le crustacé répand sur le sol ses entrailles vertes. Oui, ce n’était pas un bon. Vilka est déçue. Cependant son amie Pom a, elle, peut-être eu plus de chance ? Pom est la seconde fillette qui l’accompagnait sur la plage. En effet, Pom a recueilli en son panier le docteur Gulliver. Fascinée par cet être minuscule, Pom s’empresse de rentrer à la maison sans le montrer à personne. Son père et sa mère travaillent durs afin de subvenir à ses besoins. C’est que les temps sont durs. La Norme leur a déjà pris un fils…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Un titre ne saurait mentir. Les voyages du Docteur Gulliver, réécriture libre du conte bien connu, font la part belle au voyage, à l’évasion (une thématique récurrente de la collection Equinoxe). On y trouve des chevaux, des bateaux (portés par les vents), la mer, des oiseaux, un panier pique-nique (idéal donc pour voyager)… Bref, une référence omniprésente au voyage. Un titre ne saurait mentir et pourtant, en ce deuxième voyage encore, la femme du praticien occupe une place presque aussi signifiante que son mari. (La ?) « Clé’ », comme est appelée Clémence, est belle, forte et engagée pleinement dans la réalité du monde. Elle complète en conséquence son héros qui préfère, lui, l’aventure rêveuse. Au contraire d’un titre, une couverture saurait-elle mentir ? Un géant, du rouge et noir, le visage répété d’une enfant en filigrane, les différents éléments qui composeront la lecture sont figurés. Contre le diktat de la Norme, la Liberté est chérie et si la résistance sociale s’organise, la poésie des relations humaines tempère l’ensemble. Le dessin d’une grande lisibilité, économe de traits comme de détails superflus, choisit chaque fois la juste expression. Au final, en dépit d’une atmosphère pesante (derrière un abord simple, la satire de l’autoritaire est grave en effet), à l’instar des dédicaces au théâtre et à Trenet en fin d’album, l’auteur conclut sur une note pleine d’avenir, laissant derrière lui les souvenirs difficiles. A suivre…