L'histoire :
Un jeune homme épris de grande aventure veut partir à la découverte du monde. Il choisit pour cela d'embarquer dans l'un des navires qui chasse la baleine, sans expérience particulière, mais fort de sa volonté et de sa soif de voyages. Lorsque, la veille de l'embarquement, il cherche une chambre pour la nuit, tous les lits sont complets. Le propriétaire du bar lui propose donc de partager celui d'un harponneur habitué des lieux. D'abord surpris, le jeune homme accepte la proposition, sans savoir réellement qui il va croiser plus tard dans la soirée. Il va alors rencontrer Queequeg, un cannibale qui vend en porte à porte des têtes humaines momifiées en provenance des mers du sud. Un guerrier au physique impressionnant et au vocabulaire réduit, mais étonnamment amical dès le premier contact. Les deux futurs marins vont se lier d'amitié et embarquer ensemble à bord du navire du mystérieux Capitaine Achab. Ils vont alors découvrir que le patron du Pequod, missionné pour rapporter la précieuse huile de baleine au propriétaire du navire, a un objectif personnel qui dépasse tous les autres. Il veut retrouver et tuer le cachalot qui lui a arraché une jambe quelques années plus tôt, le condamnant à marcher appuyé sur une jambe de bois. Plus que tout, c'est le désir de vengeance qui le guide. Il va rapidement le faire comprendre à tout son équipage. Une quête hallucinée va commencer...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C'est un travail presque titanesque que Christophe Chabouté entreprend avec l'adaptation de Moby Dick en bande dessinée, mais il le fait en toute confiance. En effet, l'auteur est en pleine possession de ses moyens et il imprime dès les premières pages sa patte personnelle à cette aventure mythique d'un des grands auteurs classiques de la littérature américaine. Avec autant de planches silencieuses qu'à son habitude, il met en scène les prémices de l'épopée du Pequod en construisant un réel suspense sur la personnalité du capitaine Achab. Les trois pages qui voient ce dernier parcourir le pont, faisant sonner le bois de sa jambe au dessus des marins qui cherchent le sommeil, sont remarquables. Tout comme la superbe séquence d'ouverture avec le personnage principal qui s'approche sous la neige de l'Auberge du Souffleur. La technique et la personnalité graphique de Chabouté sont une sorte d'écrin pour cette aventure classique à portée philosophique, pleine de personnages qui parlent peu mais portent en eux les sentiments les plus forts de l'âme humaine. Ses à plats noirs sont dignes des plus grands dessinateurs classiques, Moby Dick sera une étape de plus dans la construction d'une œuvre absolument sincère et sans compromis. On oublie très vite de se demander quelle scène appartient à Herman Melville et quelle séquence est due à Chabouté, même si des extraits du livre introduisent formellement les chapitres de l'album. Ce premier tome est tout simplement captivant.