L'histoire :
Jeune enfant, Agatha Christie est une rêveuse que ses parents tiennent à l'écart de l'école pour mieux gérer son éducation. La petite fille apprend à lire avec sa gouvernante, à leur insu. Plus tard, la jeune femme de bonne famille désespère de rencontrer un homme qui la fera rêver, et se lasse des prétendants qui se présentent à elle dans les rencontres organisées par les familles aisées. Pourtant, elle va croiser un militaire du nom de Christie, avec qui elle va vivre une belle histoire d'amour, avoir un enfant... jusqu'à ce jour où, mystérieusement, elle disparaît, sa voiture retrouvée vide au bord d'un lac. La police interroge son mari, allant même jusqu'à le soupçonner d'avoir organisé cette disparition. Agatha est déjà une romancière à grand succès, ils vivent dans une maison superbe. Mais Archibald s'ennuie aux côtés de cette femme obsédée par l'écriture, et il la trompe. Il va falloir quelques jours pour que le mystère s'éclaircisse, comme si la vie d'Agatha prenait parfois une tournure proche de ses romans. Une disparition inexpliquée, le soupçon qui plane, et un coupable potentiel qui prend le lecteur au piège...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La découverte de la vie d'Agatha Christie depuis sa petite enfance est une expérience intéressante, qui situe définitivement la romancière dans une époque ancienne, un passé désuet dans un milieu social relativement distant. Le portrait qu'en dresse Chantal Van den Heuvel met en avant une personnalité forte dans les décisions qu'elle prend, mais aussi totalement hors du monde lorsque le processus d'écriture s'empare d'elle. Le parcours de cette vie est plein de souffle et de dépaysement, tout en prenant appui sur des grands repères du début du siècle dernier. On accompagne Agatha dans l'Orient Express, et on croise la moustache d'Hercule Poirot, dans des pages aux couleurs en rapport avec l'époque. La dessinatrice Nina Jacqmin poursuit son entrée dans le monde de la bande-dessinée avec un style assez typique des écoles d'arts graphiques, constitué d'images toujours denses, à la manière des films d'animation. Malgré un ou deux moments de flottement, comme cette dernière case de la page 21 dont on ne comprend pas du tout qui elle met en scène, elle donne un vrai cachet à cette histoire. Les deux auteures ont visiblement conçu ensemble l'atmosphère de cette biographie introspective, et sont parvenues à ne pas s'imposer de passages obligés liés aux grands succès des romans que leur personnage écrit. La promenade est finalement plutôt intime, très centrée sur la vie d'Agatha Christie, habitée mais pas envahie par son œuvre littéraire.
