L'histoire :
Au pays des rats, il existe un spécimen qui n’a pas de nom. Il n’ouvre jamais la bouche et, du coup, personne ne l’appelle jamais. Il passe sa vie à extraire de la glace toutes sortes de choses à bouffer pour la communauté. Mais s’il ne parle pas, ce n’est pas qu’il est simple d’esprit. Au contraire. Ce rat, au fond, est presque philosophe. La bêtise et l’étroitesse d’esprit de ses congénères le consternent. Il a donc organisé sa petite vie pour qu’on lui casse les pieds le moins possible. Il ne demande qu’une chose, ce rat misanthrope : qu’on lui foute la paix ! Il ne supporte pas les conversations stériles de ses camarades vautrés dans leur bêtise, centrées sur leur nombril. Un jour, en fuyant les siens, il se retrouve à l’extérieur de l’univers où il a toujours vécu (qui s’avère être un camion frigorifique, lancé à fond sur une autoroute interminable). Dès lors, il va découvrir d’autres mondes, mettre en place des échanges commerciaux avec d’autres communautés à bord d’autres camions. Jusqu’à la fin de son monde, lorsqu’il gagnera enfin d’avoir la paix. Peut-être…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Fidèle à son habitude, Ptiluc s’amuse une nouvelle fois à dresser un tableau cynique et désespéré de la condition humaine, en l’abordant via son peuple de rats. A forte dose d’humour très noir, il jette un regard désabusé sur nos trop nombreux travers, et pressent que l’Homme finira par tout foutre en l’air. Cette fois, notre monde lancé à fond dans une mauvaise direction, présage d’une fin forcément catastrophique. Il aborde au passage tout un tas de sujet actuels, comme les dérèglements climatiques, ou plus simplement cette incessante et stupide course au gadget, en l’illustrant par un groupe de rats transformés en téléphones portables, incapables de parler autrement qu’en langage SMS. Hilarant ! Depuis qu’il a commencé dans la BD, à travers ses autres séries (comme Rat’s, par exemple), Ptiluc a fait une marque de fabrique de ses rongeurs, qu’il maîtrise à la perfection. Son écriture est aussi trash que ses dessins sont gores. Mais au fond, il reste encore souvent loin de la réalité. Le ton humoristique omniprésent fait passer la pilule. Car au fond, quand on y pense, c’est pas drôle…