L'histoire :
Chez les Lepic, François est le garçon à tout faire et sa mère ne cesse de le brimer. Sa famille le surnomme « Poil de Carotte » à cause de ses cheveux roux et de ses tâches de rousseur. Un soir, la mère lui demande notamment d’aller fermer la cabane aux poules. Mais le garçon est effrayé : partir seul en pleine nuit, c’est sacrément dangereux ! Il propose à sa mère de demander à son grand frère Félix ou bien à sa sœur Ernestine qui auront certainement moins peur que lui. Cependant, la marâtre est catégorique : c’est lui qui doit y aller car, avec son cœur dur et sa tête vide, il ne sentira pas la peur, selon elle. En marchant dans le jardin au milieu de l’obscurité, Poil de Carotte se donne du courage comme il le peut. Il ne cesse de se répéter qu’il n’a pas à avoir peur. Finalement, il parvient à fermer la porte et se sent fier de lui. Il triomphe et montre à sa maman qu’il ne craint rien. Avec un regard cruel, elle acquiesce en disant qu’il ira donc fermer à chaque fois la porte du poulailler ! François se réveille en sursaut : tout cela n’était qu’un mauvais cauchemar. Les vacances approchent et l’angoisse de Poil de Carotte grandit. Le directeur de la pension tente de comprendre pourquoi l’élève se sent mal à cette période. Il ne peut comprendre qu’il souffre à l’idée de retrouver sa mère…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le roman autobiographique de Jules Renard est un grand classique de la littérature contemporaine, mais un peu oublié de nos jours. Vents d’Ouest a le mérite de le remettre au goût du jour avec cette adaptation BD en one-shot. D’emblée, on rentre dans la tête de ce pauvre Poil de Carotte qui essuie les brimades de sa mère. Le reste, tout comme le roman, n’est qu’une suite ininterrompue d'épreuves que doit subir François. Tout est prétexte à montrer la cruauté froide de la marâtre et le tout de façon assez subtil. En effet, tout comme dans le livre, on ne sait pas pourquoi elle fait subir tout cela à son fils. Le propos n’est pourtant pas aussi manichéen car elle semble malgré tout aimer son fils… à sa manière, ce qui rend les choses extrêmement réalistes. Les dialogues sont intéressants et parfois repris sur l’œuvre originelle. Les personnages sont également bien représentés par le trait délicat de Cécile. Pourtant, l’ensemble est trop court pour égaler la puissance du roman. En effet, la rapidité des scènes fait qu’on perd très vite en profondeur. La cruauté de la mère n’est pas assez forte, alors qu’elle est littéralement insupportable dans le livre. Malgré quelques belles scènes, on survole le livre de Jules Renard sans vraiment éprouver de compassion pour Poil de Carotte. Le jeune rouquin martyrisé est beaucoup plus fade dans cette version BD et ne parait pas aussi malheureux. Pire : la fin est totalement expédiée et perd de sa beauté poétique et de sa surprise. Les auteurs ont certes voulu clairement s’adresser à un lectorat jeune qui pourra se tourner ensuite vers le livre de départ. Mais l’effet est-il réussi ? Le dessin, très beau au demeurant, est sans doute un peu « lisse » et enfantin pour bien représenter la cruauté de la mère et la douleur du fils. Malgré de bonnes intentions, l’adaptation perd de sa « substantifique moelle » et devient une simple chronique familiale.