L'histoire :
En Italie, au lendemain de la seconde guerre mondiale, Romano est un jeune homme qui survit grâce à son système D. Avec trois copains, il vient de voler… un veau, pour le revendre au détail au marché noir. Après l’avoir tant bien que mal transbahuté à travers les ruelles, ils sont occupés à le dépecer lorsque le curé du quartier, le père Don Marrovescio, fait irruption dans la pièce. C’est difficile à dissimuler, un veau de 350 Kg… Un léger tirage d’oreilles s’ensuit et un compromis est trouvé : le prêtre repart avec une partie de la bête, pour ses fidèles les plus démunis. Cette altercation lui permet toutefois de constater les talents de Romano pour l’esquive. Ce dernier est alors invité à venir le lendemain soir, pour un essai sur un ring, car la boxe est la passion du prêtre. Novice en la matière, Romano fait pourtant montre d’un joli jeu de jambe et d’une bonne défense. Le curé lui propose alors de l’entraîner sérieusement. Romano y voit une alternative à l’argent facile et à l’attrait qu’exerce la mafia sur les jeunes de sa classe d’âge, en cette conjoncture difficile. Il craint juste pour sa gueule d’amour et son nez, qu’il redoute par-dessus tout de se casser…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Plus qu’une histoire moralisatrice (eh les jeunes, faites de la boxe plutôt que des bêtises !), Romano livre le parcours d’un jeune homme qui trouve sa voie, l’amitié d’un prêtre et l’amour d’une jeune dévergondée, dans la société tourmentée de la Rome d’après-guerre. La narration d’Alessandro Bilotta est habilement rythmée par le comptage d’un arbitre de boxe, en 10 chapitres qui sont autant de souvenirs en flashbacks du jeune boxeur durant un KO. Quelques anecdotes très drôles (le tripotage des filles dans la ruelle étroite), d’autres poignantes (le suicide du père de Giannino), équilibrent à la perfection ce premier volume, sur 3 prévus. Les encrages de Carmine Di Giandomenico, ainsi que la colorisation sobre d’Andrea Rossetto, sont assez classieux. La part belle est faite aux personnages et les regards profonds que ces derniers s’échangent parfois en disent long et se passent de bien des dialogues. Bref, voilà un bien chouette premier album, à l’image de l’ensemble de la collection de prestige Equinoxe, qui augure d’un joli triptyque. Bonne nouvelle : la collaboration de ce duo d’auteurs est reconduite sur une autre série à venir chez les Humanos : La lande des aviateurs (juin 2006)…