L'histoire :
Tard dans la nuit, un étranger emprunte le pont de bois pour pénétrer dans le Tunnel de la Superstition. Après cette galerie, il atteindra Nid de Roche, un petit village blotti au cœur des montagnes québécoises. Tard dans la nuit, le jeune Clovis tente sa chance avec Camille. Il tend ses lèvres vers elle, laisse glisser sa main sur son genou... Et prend une gifle monumentale. Camille n’est pas de ce genre là. En regagnant le cœur du village, les deux gamins aperçoivent deux silhouettes qui s’agitent dans la demeure de Priscille, une femme de petite vertu. La discussion semble animée. La jeune femme a même un couteau entre les mains… Tard dans la nuit, Camille va chercher le shérif. Clovis s’enfonce dans la forêt en prenant en filature celui qui vient de s’enfuir du domicile de Priscille. A-t-il quelque chose à se reprocher ? Toujours est-il que le corps de la jeune femme est retrouvé sans vie. Toujours est-il qu’en le poursuivant, Clovis a eu une bien mauvaise idée. Toujours est-il que, quelques heures plus tard, son père adoptif, le maire de Nid de Roche, se pend dans sa grange. Tard dans la nuit… commence une enquête épineuse et éprouvante pour le shérif Emile Lemay…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Déclinée de 2004 à 2006, cette trilogie québécoise revient sous forme d’intégrale, histoire de nous faire goûter l’univers sous tension de la bourgade de Nid de Roche, son shérif et ses vieux démons, ses orphelins… Car s’il ne fallait retenir qu’une chose de cette immersion, il s’agirait justement de l’atmosphère mise en place : un petit mélange angoissant et malsain. Ici Jean-Blaise Djian compose d’abord un univers. Il gratouille la psychologie de ses protagonistes. Il joue avec climat, contexte socio-historique et opacité nocturne pour rendre avec force la prégnance du « repli sur soi même » de cette communauté isolée. Pour sceller l’ensemble et porter cette intention, le scénariste imagine une intrigue ayant pour fondement la résolution de plusieurs meurtres. Mais de ce coté-là, la mayonnaise ne prend pas : l’ensemble se révèle plutôt plat, sans surprise, voire même un peu longuet. Bref, on attend un rebond scénaristique qui n’arrive jamais. Dommage, car chacun des personnages avait du potentiel pour nous clouer littéralement. Graphiquement, l’ensemble est plutôt inégal mais tout de même assez séduisant. Parfait pour ce qui est de transmettre l’atmosphère (une bonne colorisation) et pour les cadrages. Mais peut-être un peu trop souvent figé et faisant l’économie du détail sur certains dessins. En tous cas, l’ensemble reste suffisamment agréable pour se laisser aller à franchir le Tunnel de la Superstition, dernier rempart de cette étrange ville...
